Migrants au Sénégal : Un problème de pauvreté, pas de sécurité - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 14/06/2025 02:06:44

Migrants au Sénégal : Un problème de pauvreté, pas de sécurité

Face à l’augmentation du nombre d’étrangers en situation irrégulière dans les grandes villes du Sénégal, un ensemble de mesures a été proposé par des sénégalais : renforcer les contrôles aux frontières, intensifier les patrouilles, encadrer l’occupation des logements abandonnés et mettre à jour les politiques de séjour.

Si ces recommandations se présentent comme des réponses pragmatiques à un phénomène croissant, elles apparaissent cependant insuffisantes, incomplètes et déconnectées des véritables causes du phénomène migratoire.

Depuis plusieurs années, le Sénégal, pays de transit mais aussi de destination, voit arriver un flux croissant de migrants venus d’Afrique de l’Ouest, souvent attirés par la promesse d’une stabilité économique ou politique. Dakar, Tambacounda, Kolda ou Kédougou deviennent des carrefours humains. La migration, surtout irrégulière, y soulève des tensions dans des quartiers déjà précaires. Mais poser le problème uniquement en termes de sécurité revient à ignorer les racines profondes du mal.

Renforcer les patrouilles, répertorier les sans-papiers, contrôler l’occupation des maisons abandonnées… Autant de mesures strictement sécuritaires présentées comme des réponses urgentes. Pourtant, ces solutions, bien que formulées dans un langage diplomatique, ne traitent que les symptômes d’un problème beaucoup plus profond : la misère. Ces migrants ne fuient pas par plaisir, mais par nécessité. C’est leur droit fondamental à la dignité qui est bafoué dans leur pays d’origine et parfois aussi dans leur terre d’accueil.

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Premièrement, traiter la migration par le prisme sécuritaire, c’est ignorer que la pauvreté, les conflits, les sécheresses, ou encore l’absence de perspectives socio-économiques sont les principaux moteurs de ces mouvements de population.

Deuxièmement, en mettant l’accent sur la répression, on crée un climat de méfiance, voire de xénophobie, dans une société déjà fragilisée par la précarité.

Troisièmement, cette politique de contrôle occulte une réalité simple : ces migrants participent aussi à l’économie informelle locale. Ils s’intègrent, construisent, et consomment, même dans l’ombre.

Enfin, ces maisons « abandonnées » qu’ils occupent témoignent non pas seulement d’un problème d’occupation illégale, mais aussi d’une gestion urbaine défaillante et d’une mauvaise politique foncière que l’on préfère ignorer.

Des pays comme le Maroc ou la Tunisie ont tenté, avec un certain succès, des campagnes de régularisation humaine qui, sans naïveté, ont permis à certains migrants d’émerger de l’invisibilité. Le Sénégal gagnerait à s’inspirer de ces expériences plutôt que de suivre les politiques d’expulsion à la mode européenne, souvent inefficaces et humiliantes. À long terme, ce sont les partenariats de développement, l’intégration régionale solidaire et une politique migratoire inclusive qui assurent la stabilité.

L’immigration n’est pas une menace en soi. C’est une réponse désespérée à des crises oubliées. Au lieu de déployer davantage de policiers dans les rues, déployons des politiques de développement dans les campagnes, des filets sociaux urbains, et des programmes d’intégration bien pensés. Tant que nous continuerons à voir les migrants comme des dangers et non comme des hommes et femmes en quête de dignité, nous aurons échoué à bâtir une nation juste.

Oui, il faut réguler. Oui, il faut protéger. Mais pas au prix de l’humanité. Exigeons des politiques migratoires qui mettent l’humain au centre, et non des réponses policières qui ne font qu’aggraver la marginalisation. Le vrai combat n’est pas contre les migrants, mais contre la misère qui les pousse à fuir.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Henriette Mané.
Mis en ligne : 14/06/202
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