Une arrestation de trop : Le Sénégal sous Pastef - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Maimouna | Publié le 14/06/2025 07:06:00

Une arrestation de trop : Le Sénégal sous Pastef

L’ancien ministre-conseiller Moustapha Diakhaté a été placé sous mandat de dépôt pour « offense au chef de l’État », après avoir critiqué publiquement une supposée entorse au protocole présidentiel. Un procès en flagrant délit est prévu. Cette arrestation soulève de sérieuses inquiétudes sur la liberté d’expression au Sénégal. Cette affaire révèle une dérive inquiétante du pouvoir incarné aujourd’hui par le parti Pastef.

Nous sommes en 2025, un an après l’accession au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko. Portés par une vague d’espoir et un discours de rupture, ils promettaient un Sénégal nouveau, plus juste, plus libre. Aujourd’hui, force est de constater que les promesses s’effacent devant la réalité d’un pouvoir qui, non seulement ne tolère pas la critique, mais s’emploie à museler ceux qui osent s’exprimer.

L’affaire Moustapha Diakhaté est emblématique. Ancien compagnon de lutte du pouvoir d’hier, devenu une voix critique libre, il a été jeté en prison pour avoir osé pointer une dérive de forme dans le comportement du président. Ni appel à la violence, ni atteinte à la sûreté de l’État, seulement une opinion sur un manquement protocolaire. Et pourtant, le voilà privé de liberté.

Cette arrestation, sur fond d’« offense au chef de l’État », rappelle les pratiques des régimes autoritaires qui utilisent les institutions judiciaires comme outils de répression politique. En réalité, ce chef d’accusation flou et archaïque constitue un bâillon institutionnel. Le message est limpide : toute critique, même fondée, sera réprimée.

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Premièrement, une démocratie se mesure à sa capacité à tolérer la critique, surtout lorsqu’elle est argumentée. En emprisonnant Moustapha Diakhaté, le pouvoir Pastef bafoue l’un des principes fondamentaux de la République : la liberté d’expression. Deuxièmement, cette dérive confirme ce que de nombreux observateurs redoutaient depuis l’arrivée au pouvoir de Sonko : un autoritarisme rampant, maquillé derrière une rhétorique de rupture. Troisièmement, le silence de nombreux acteurs de la société civile, pourtant si prompts à dénoncer les abus hier, laisse un goût amer. Le Sénégal semble s’installer dans une ère où la peur et l’intimidation deviennent les leviers de la gouvernance.

Dans d’autres contextes, des États comme le Ghana, la Tunisie ou même l’Afrique du Sud, la critique du pouvoir, aussi acerbe soit-elle, ne conduit pas à l’incarcération. En Tunisie post-révolution, les critiques contre les présidents successifs n’ont pas systématiquement donné lieu à des arrestations. Au Sénégal, ce recul nous ramène aux heures les plus sombres du régime de Wade, voire au-delà. Le fait que cette répression survienne sous un régime élu sur la base de la liberté et de la justice constitue une trahison.

En 2025, le Sénégal ne devrait pas emprisonner des citoyens pour des opinions. Le cas Moustapha Diakhaté révèle une inquiétante volonté de contrôle de la parole publique, incompatible avec les idéaux démocratiques. Le pouvoir Pastef, que beaucoup voyaient comme une planche de salut, s’éloigne chaque jour un peu plus de ses engagements. À ceux qui s’obstinent à défendre l’indéfendable : prenez garde. L’histoire retiendra que la rupture promise a fini par briser ce qu’il restait de liberté.

2029 n’est pas si loin. D’ici là, il faut refuser la banalisation de l’arbitraire. Moustapha Diakhaté n’est qu’un symbole. Demain, ce pourrait être n’importe lequel d’entre nous.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 14/06/202
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