Alertes sans actions : L’ONU impuissante face à la famine - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Coumba Sagna | Publié le 16/06/2025 04:06:25

Alertes sans actions : L’ONU impuissante face à la famine

Le dernier rapport de l’ONU sur les “points chauds de la faim” tire une énième sonnette d’alarme : des millions de personnes au Soudan, à Gaza, en Haïti, au Mali ou encore au Soudan du Sud risquent la famine dans les mois à venir.

Malgré cette alerte dramatique, il faut dénoncer l’inefficacité chronique de l’ONU et des grandes organisations internationales, prisonnières d’une bureaucratie paralysante et largement dépendantes de bailleurs de fonds souvent eux-mêmes impliqués, directement ou indirectement, dans les déséquilibres géopolitiques qu’ils prétendent corriger.

Les alertes sur l’aggravation de l’insécurité alimentaire sont constantes. Pourtant, elles se répètent comme des refrains sans action décisive. Le Programme alimentaire mondial (PAM) et la FAO désignent une douzaine de pays où des famines menaçantes progressent rapidement, parfois à quelques semaines d’échéances irréversibles. Mais que fait concrètement la communauté internationale, sinon publier des rapports et réclamer des financements qui n’arrivent plus ? Pire : certains États, comme les États-Unis, se désengagent progressivement, aggravant le vide opérationnel.

Chaque mot du rapport témoigne d’un constat tragique : nous savons où les famines vont frapper, nous connaissons les populations concernées, mais rien n’est fait à la hauteur de l’urgence. L’ONU et ses partenaires humanitaires dénoncent les obstacles à l’accès humanitaire, les conflits armés, les déplacements forcés, la montée des prix… Pourtant, ces facteurs sont connus depuis des mois, voire des années. Où étaient les plans de contingence ? Où sont les résultats des “mécanismes d’alerte précoce” tant vantés ?

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La directrice du PAM, Cindy McCain, affirme : « Sans financements ni accès, nous ne pouvons sauver des vies ». Cette déclaration résume toute la faiblesse d’un système qui repose sur la bonne volonté des États donateurs, mais qui n’impose ni obligation, ni redevabilité. Un système qui préfère compter les morts plutôt que prévenir leur sort.

Bureaucratie paralysante : les structures onusiennes sont lentes à réagir. Entre les procédures, les validations politiques et les multiples niveaux de coordination, les aides n’arrivent pas à temps.

Dépendance excessive aux bailleurs : les financements conditionnés aux agendas géopolitiques des grandes puissances freinent les interventions urgentes, comme à Gaza ou en Haïti.

Manque de courage politique : les Nations Unies se gardent bien de dénoncer frontalement les États responsables de blocages humanitaires ou de conflits (Israël à Gaza, la junte au Soudan, les groupes armés à Haïti).

Échecs répétés : les alertes se succèdent depuis des décennies, sans évolution structurelle de la réponse internationale. Pourquoi croire que cette fois-ci, cela serait différent ?

Plusieurs analystes et ONG indépendantes ont déjà tiré la sonnette d’alarme sur la stagnation des mécanismes onusiens. Le Global Humanitarian Overview 2024 montre que seuls 38 % des fonds prévus pour la faim ont été mobilisés au premier semestre. Pendant ce temps, les budgets militaires mondiaux atteignent des records.

Lors de la famine de 2011 en Somalie, l’ONU avait déjà reconnu que l’alerte avait été donnée trop tard. Plus de 260 000 personnes étaient mortes. Quinze ans plus tard, les mêmes erreurs se répètent, preuve que le système n’a pas su tirer les leçons de ses échecs.

Trop d’alertes. Trop de rapports. Trop de dépendance. Et trop peu d’actions. L’ONU et ses partenaires doivent être remis en question non pas pour démolir, mais pour reconstruire un système plus réactif, moins bureaucratique et réellement centré sur les besoins des populations. Il ne suffit plus de nommer les crises : il faut les prévenir efficacement. Sinon, les famines ne seront pas seulement des tragédies humaines, elles seront le témoignage accablant de l’inaction internationale.

Tant que l’aide dépendra des caprices géopolitiques, les populations les plus vulnérables continueront de mourir dans le silence diplomatique.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Hamadou Niang.
Mis en ligne : 16/06/202
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