Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), le coordonnateur du Forum civil, Birahim Seck, s’en est pris à la gouvernance du président Bassirou Diomaye Faye, dénonçant un supposé manque de « lisibilité, de prévisibilité et de redevabilité ». Une déclaration qui, à première vue, semble motivée par une volonté d’exiger plus de transparence. Mais en y regardant de plus près, elle s’apparente davantage à un coup d’éclat calculé qu’à une sortie sincère.
Oui, l’indignation est légitime : mais pas contre le président Diomaye. Plutôt contre cette hypocrisie ambiante qui ronge la scène dite « civile » et qui semble tout juste se réveiller… après 12 années d’omerta.
Le Sénégal sort tout juste de douze longues années d’un régime marqué par une gestion opaque, des emprunts cachés, des scandales étouffés et des contrats publics aussi nébuleux que juteux pour certains. Pendant tout ce temps, où était Birahim Seck ? Où était ce Forum civil aujourd’hui si prompt à faire des remarques ? Pendant que Macky Sall bradait les ressources du pays et muselait l’opposition, on aurait bien aimé entendre ce ton ferme et incisif.
Le président Diomaye Faye, encore dans ses mois d’exercice, est déjà sommé par la « société civile » de rendre des comptes comme s’il héritait d’un État sain. Ce que Birahim Seck appelle « absence de lisibilité » est en réalité la conséquence directe du désastre hérité de l’ancien régime. Qu’on ose pointer du doigt ce gouvernement de transition, qui tente de reconstruire une gouvernance sur les cendres d’un système corrompu, révèle une mauvaise foi flagrante.
Où étiez-vous quand le pays était pillé ? Durant les deux mandats de Macky Sall, combien de fois a-t-on vu le Forum civil élever la voix avec autant de vigueur sur les questions de gouvernance budgétaire, d’emprunts dissimulés ou de marchés publics opaques ?
Un traitement inéquitable : En quelques semaines seulement, Diomaye a lancé des audits, suspendu des contrats douteux, et ouvert des chantiers cruciaux pour la transparence. Et pourtant, on lui reproche déjà ce qu’on a laissé passer pendant plus d’une décennie sans broncher.
Une exigence soudaine : La société civile doit jouer son rôle, certes. Mais pas avec un agenda personnel ou médiatique. Le manque de recul, de contextualisation et d’équité dans cette sortie en dit long sur la posture de son auteur.
Dans d’autres pays ayant connu un changement de régime, comme la Tunisie post-révolution ou même le Ghana après Rawlings, la société civile a laissé un temps raisonnable d’installation avant d’exiger des comptes. Elle a accompagné le pouvoir dans sa volonté de rupture. Ici, chez nous, certains préfèrent briller en solo sur X plutôt que construire ensemble.
Cette sortie de Birahim Seck est symptomatique d’un mal sénégalais : la critique par calcul, la mémoire courte, et la volonté d’exister médiatiquement. Ce n’est pas en jouant à l’opposant éclairé dès les premières semaines qu’on sert la démocratie. C’est triste, bien dommage même, que le Forum civil ne se soit jamais occupé de l’opacité dont faisait montre Macky Sall pendant 12 ans. Aujourd’hui, la moindre décence aurait été d’attendre des résultats concrets avant de tirer à boulets rouges.
Alors oui, interpellons les autorités, exigeons la transparence, mais faisons-le avec cohérence et honnêteté. Le peuple sénégalais a dit stop à l’ancien système. Donnons une chance à la reconstruction, au lieu de nous précipiter dans le jeu politicien des apparences.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Ndiaye.
Mis en ligne : 16/06/2025
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