Depuis quelques jours, le monde assiste avec inquiétude à une nouvelle flambée de violences entre l’Iran et Israël. À la suite de frappes israéliennes sur le territoire iranien, Téhéran a répliqué par une contre-attaque musclée. Dans ce contexte tendu, l’ambassadeur d’Iran au Sénégal, Hassan Asgari, a sollicité un soutien officiel de l’État sénégalais, allant jusqu’à espérer une condamnation publique de ce qu’il qualifie d’« attaque barbare du régime sioniste ».
Si l’émotion est compréhensible, une telle demande appelle à la retenue. Le Sénégal doit garder une neutralité ferme et refuser de se positionner au cœur d’un conflit géopolitique d’une telle complexité.
Le conflit israélo-iranien s’inscrit dans une rivalité régionale de longue date, où chaque camp utilise le langage de la souveraineté, de la légitime défense et des droits humains pour légitimer ses actions. Ces violences ne sont pas nouvelles. Elles se nourrissent de décennies de tensions, d’ingérences, de conflits religieux et d’enjeux nucléaires. Le Proche-Orient est une poudrière où chaque geste diplomatique peut peser lourdement.
Le Sénégal, pays pacifiste, engagé depuis des décennies dans la médiation, la promotion de la paix et la non-ingérence, ne peut se permettre d’être instrumentalisé, quelle que soit la partie qui sollicite son soutien.
L’ambassadeur Hassan Asgari a évoqué des pertes civiles importantes et des violations de la Charte des Nations unies. Ce drame humain est incontestable et mérite compassion. Toutefois, demander au Sénégal de s’aligner, sous prétexte de solidarité religieuse ou d’appartenance à l’OCI, est une dérive dangereuse. Ce conflit n’est pas une guerre de religion, mais un affrontement stratégique, militaire et politique, où les civils sont, comme toujours, les principales victimes.
Le Sénégal ne peut se laisser guider par des considérations émotionnelles ou identitaires dans l’arène internationale. Le véritable courage diplomatique consiste à défendre ce qui est juste et humain, indépendamment des appartenances confessionnelles ou géographiques.
D’autres pays africains comme le Ghana, le Kenya ou le Maroc, confrontés à des sollicitations similaires, ont maintenu une posture de réserve, privilégiant la diplomatie multilatérale. Ce choix est un gage de stabilité et d’équilibre. Le Sénégal, dont la voix est respectée à l’ONU, au sein de la CEDEAO et dans l’OCI, se doit de demeurer un artisan de paix.
Faire le choix d’une condamnation unilatérale reviendrait à prendre parti dans une guerre où personne ne gagne, et où les grandes puissances alimentent la discorde à distance. La guerre n’est amie de personne ; seuls les civils en paient le prix, dans les deux camps.
La diplomatie sénégalaise, souvent critiquée mais fondamentalement stable, a toujours su adopter une posture de sagesse et de mesure. Elle ne doit pas être instrumentalisée. En refusant de se prononcer en faveur d’un camp, le Sénégal défend la paix, l’humanité et la coexistence.
Ce n’est pas se taire que de ne pas condamner bruyamment. C’est agir avec lucidité et responsabilité. À l’heure où les puissances militaires sèment la mort, nous devons être du côté de la vie. Restons fermes : ni Israël ni l’Iran. Juste la paix.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Khalifa Diop.
Mis en ligne : 17/06/2025
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