L’article du journal Libération publié ce mardi 17 juin a révélé de nouveaux développements dans l’affaire du terrain destiné au futur palais de justice de Pikine-Guédiawaye. Sept personnalités de l’ancien régime sont désormais mises en cause pour des faits présumés de corruption, dont l’ancien ministre Ismaïla Madior Fall et Mame Boye Diao, ex-directeur des Domaines.
Si la justice a engagé des procédures contre tous les mis en cause, une question demeure : pourquoi certains sont placés en détention provisoire, tandis que d’autres à l’instar de Mame Boye Diao font l’objet de mesures plus souples, comme le port d’un bracelet électronique ? Cette disparité dans le traitement judiciaire suscite l’incompréhension et alimente un malaise grandissant autour du principe d’égalité devant la loi.
Depuis l’arrivée au pouvoir du duo Diomaye-Sonko, le nouveau régime a promis de faire de la reddition des comptes une priorité. Des dossiers longtemps restés dans les tiroirs refont surface, et des personnalités de l’ancien système sont convoquées par la justice. Le terrain litigieux de Pikine-Guédiawaye, censé abriter un palais de justice, est devenu le symbole d’un système foncier gangrené par des pratiques opaques. L’enquête vise à faire la lumière sur des transactions douteuses ayant abouti à l’attribution irrégulière de cette parcelle.
Mais malgré ces nobles intentions, la gestion judiciaire de cette affaire commence à inquiéter. Mame Boye Diao, proche d’Ousmane Sonko et rallié au Pastef à la veille de l’élection présidentielle, semble bénéficier d’un traitement de faveur manifeste. Alors que certains coaccusés sont placés en détention ou soumis à une vigilance judiciaire stricte, lui se voit simplement équipé d’un bracelet électronique, comme s’il n’était qu’un acteur secondaire de cette affaire. Ce choix interroge.
Il est difficile de ne pas faire le lien entre cette clémence et la proximité politique de Mame Boye Diao avec les nouvelles autorités. En rejoignant le Pastef après avoir quitté le camp présidentiel sortant, il s’est assuré une place confortable dans le nouvel échiquier politique. Ce revirement aurait-il suffi à lui garantir une indulgence judiciaire ? Si la justice veut se montrer impartiale, elle doit être cohérente dans ses décisions.
Comparons ce traitement à celui réservé à de jeunes manifestants ou simples citoyens accusés de troubles à l’ordre public. Beaucoup d’entre eux ont été incarcérés sans ménagement, sans égard pour leur état de santé ni leurs garanties de représentation. Pourquoi la même rigueur n’est-elle pas appliquée aux anciens dignitaires ? Faut-il rappeler que certains ont même vu leur procès traîner indéfiniment, pendant que ceux qui étaient amis ou alliés du pouvoir actuel bénéficient d’un silence judiciaire ou d’un traitement allégé ?
Dans un contexte où la justice est appelée à se réinventer et à regagner la confiance des citoyens, l’exigence d’impartialité devient essentielle. Chaque acteur impliqué dans un dossier aussi sensible devrait être traité selon les mêmes standards, quels que soient son parcours politique ou ses affiliations passées.
La justice sénégalaise a aujourd’hui l’occasion de montrer qu’elle peut être équitable et indépendante. Ce n’est qu’à cette condition que l’État de droit pourra véritablement se consolider.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Diop.
Mis en ligne : 17/06/2025
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