L’heure est aux interrogations à la Maison-Blanche. Faut-il ou non s’engager militairement aux côtés d’Israël pour détruire les installations nucléaires iraniennes, voire encourager un changement de régime à Téhéran ? La question divise profondément les États-Unis, où les lignes de fracture traversent même le camp républicain, comme le note Le Monde depuis Paris.
Le journal pointe une « fébrilité » grandissante dans les cercles trumpistes, partagés entre isolationnisme farouche et fascination pour la posture martiale de Donald Trump.
Dans le camp MAGA, la tension monte. Les partisans de « l’Amérique d’abord » s’opposent à toute intervention, dénonçant un aventurisme contraire aux engagements du président sortant. À l’inverse, certains conseillers proches de Trump murmurent déjà la possibilité d’un coup décisif porté au régime des mollahs. Le mot « schisme » n’est pas exagéré : derrière l’unité de façade, les divergences sont béantes.
Le New York Times se fait l’écho d’un revirement aussi spectaculaire qu’inquiétant : Donald Trump, autrefois rétif à toute opération militaire contre l’Iran, laisse désormais entendre qu’une option armée est « sur la table ». Le quotidien américain révèle que la pression d’Israël, combinée à l’enlisement des négociations nucléaires, a progressivement modifié la posture présidentielle. Impatient, frustré, Trump aurait fini par conclure que les discussions n’aboutiront à rien.
Résultat : une hypothèse prend forme. L’Amérique envisagerait d’assister Israël dans un raid aérien contre le site nucléaire ultra-protégé de Fordo, à l’aide de bombes à pénétration massive. Un tournant radical pour un président qui, il y a encore deux mois, plaidait pour la voie diplomatique.
Comme le rappelle L’Orient-Le Jour, le scénario d’une frappe efficace repose in fine sur Washington. Seule l’armée américaine détient la bombe GBU-57, capable d’atteindre les profondeurs où sont enfouies les installations iraniennes. Seule l’Amérique peut aussi tempérer l’ardeur de Benyamin Netanyahou, si celui-ci décidait d’agir unilatéralement.
Mais c’est là que surgit l’imprévisibilité Trump. Le président sortant, tout en envoyant des signaux belliqueux, souffle aussi le chaud et le froid. Tantôt va-t-en-guerre, tantôt isolationniste, il cultive l’ambiguïté comme une méthode. « Il aura le dernier mot », affirme Le Figaro, soulignant un dilemme stratégique : respecter sa promesse de non-intervention, ou tenter le coup de force pour laisser une empreinte historique — et politique.
Le calcul est cynique mais clair : un succès militaire fulgurant offrirait à Trump l’aura du chef redouté, capable d’imposer sa volonté au Moyen-Orient. « Son opportunisme calibré pourrait le pousser à activer l’arme ultime », écrit encore Le Figaro, entre pragmatisme électoral et soif de grandeur.
À Paris, on s’interroge : assistera-t-on à la métamorphose de Donald Trump en « héros d’Israël », comme le suggère le quotidien français ? La tentation est grande. Les tambours de guerre résonnent déjà dans les couloirs du pouvoir américain.
Enfin, The Times à Londres se penche sur l’après. Si le régime iranien venait à tomber, qui prendrait la relève ? Le quotidien britannique évoque le précédent syrien, la montée en puissance éclair de figures issues de la rébellion. En Iran, une transition ne serait envisageable qu’à condition de faire émerger un leader charismatique, capable d’unifier une opposition hétérogène — ouvriers, étudiants, paysans.
Une figure à la Mandela ou à la Lech Walesa pourrait-elle surgir des geôles de la République islamique ? Peut-être. Mais encore faut-il que les puissances étrangères s’accordent sur ce « jour d’après ». Pour l’heure, Washington reste le cœur de toutes les décisions, à la croisée des incertitudes et des ambitions.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 18/06/2025
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