Dans un quasi-silence médiatique, des Sénégalais sont expulsés des États-Unis et rapatriés à l’aéroport Blaise Diagne. L’article du Quotidien nous informe que ces opérations de retour se multiplient à bord de vols commerciaux, souvent dans des conditions humiliantes. Eh bien, vous savez quoi ? Tant mieux !
Il est plus que temps qu’on se rende compte que cette obsession de « l’eldorado américain » est un piège, un gaspillage honteux de moyens, d’énergie, et d’ambitions. Ces retours forcés, aussi brutaux soient-ils, sont une excellente nouvelle pour notre pays.
Depuis plusieurs années, une filière migratoire bien connue mène des jeunes Sénégalais vers les États-Unis via l’Amérique latine, notamment le Nicaragua. Ces voyages coûtent une fortune : billets d’avion, pots-de-vin, passeurs, logement précaire, sans parler des risques immenses encourus lors de traversées clandestines. Tout cela pour arriver, souvent sans papiers, dans un pays où les lois migratoires se durcissent chaque jour davantage. Et pourtant, des milliers de jeunes continuent de partir, convaincus que là-bas, tout est possible. Grave erreur !
Les témoignages évoquent des expulsions menottées, des personnes renvoyées sans leurs biens, sans argent, dans la plus grande opacité. C’est choquant, c’est humiliant, mais posons-nous une vraie question : que faisaient-ils là-bas, dans l’illégalité, à risquer leur avenir et leur dignité ? Ce n’est pas l’Amérique qui est cruelle ici. C’est nous qui sommes naïfs, déconnectés, hypnotisés par des récits mensongers de réussite à l’étranger. L’argent injecté dans ces voyages aurait pu servir à ouvrir une boutique, lancer une activité agricole, ou même financer une formation professionnelle. Mais non ! On préfère croire aux mirages.
Perte économique individuelle et nationale : Plusieurs sources estiment qu’un voyage clandestin vers les États-Unis via le Nicaragua coûte entre 5 et 8 millions de francs CFA. Cet argent, injecté dans l’économie locale, aurait pu générer des emplois, soutenir des familles, et participer au développement de nos régions.
Un retour souvent traumatique : Ces jeunes reviennent avec des blessures physiques et morales, parfois endettés jusqu’au cou. Leur mésaventure devient un fardeau pour leurs proches, loin d’être un modèle de réussite.
Des opportunités locales ignorées : L’agriculture, l’artisanat, les technologies, les services : le Sénégal n’est pas un désert d’opportunités. C’est notre regard sur notre propre pays qui est appauvri.
La diaspora n’est pas une solution magique : Certes, ceux qui réussissent à l’étranger peuvent aider leur famille, mais ce modèle est devenu toxique. Il entretient l’idée que réussir ici est impossible.
Dans des pays comme le Ghana ou le Rwanda, les campagnes de sensibilisation contre la migration irrégulière sont massives. Mieux : des programmes incitent les jeunes à rester, à créer, à innover. Le Ghana, par exemple, a mis en place le programme « Nation Builders Corps » pour absorber le chômage des diplômés. Pourquoi ne pas s’en inspirer ? Le Sénégal peut et doit faire de même.
Assez de fantasmes ! Ces rapatriements doivent être un électrochoc. Ce n’est pas une honte de revenir ; la honte, c’est d’avoir fui sans même essayer de construire ici. L’État doit encadrer ces retours, leur offrir un accompagnement digne, et surtout, envoyer un message clair : investir au Sénégal est la vraie aventure, la vraie réussite. Je le dis sans détour : mieux vaut être utile ici que humilié là-bas. Réveillez-vous ! Le futur ne se trouve pas à New York ou à Atlanta. Il se trouve à Thiès, à Saint-Louis, à Ziguinchor. Il se construit ici, par nous, pour nous.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahim Wade.
Mis en ligne : 18/06/2025
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