Il ne s’agit pas d’un simple rappel à l’ordre. Lors du dernier Conseil des ministres, le Premier ministre Ousmane Sonko a dressé un tableau alarmant du fonctionnement des organes délibérants dans le secteur parapublic. Mandats expirés, profils inadéquats, défaut de transparence, absence de stratégie ou d’archivage sérieux… La liste des manquements évoqués donne le tournis. Il faut démettre sans détour une bonne partie de ces responsables qui plombent l’élan du changement tant promis au peuple sénégalais.
Depuis l’alternance incarnée par le duo Diomaye-Sonko, l’espoir a été ravivé chez de nombreux citoyens, lassés de décennies d’immobilisme, de clientélisme et de mauvaise gouvernance. Pourtant, sur certains plans, l’appareil d’État semble rester figé dans ses vieux réflexes. Et pour cause : bon nombre des cadres en place sont des survivants d’un système ancien, souvent plus loyaux à leurs protecteurs d’hier qu’aux idéaux de la nouvelle gouvernance. Que peut-on attendre d’un directeur général incapable de gérer ses propres services, mais toujours en poste ?
Ce que Sonko a dénoncé, ce n’est pas juste une suite d’irrégularités administratives. C’est l’illustration d’un système vérolé, où les intérêts personnels, le népotisme et l’incompétence ont pris le pas sur le service public. Comment accepter qu’un administrateur reste en poste après l’expiration de son mandat, sans que cela ne soulève la moindre réaction ? Où est le respect des textes ? Où est la transparence ?
Pire encore, certains représentants n’ont tout simplement pas le profil requis pour assurer leur mission. Ce sont là des fautes graves, surtout dans un contexte de réformes où chaque décision compte pour repositionner notre économie et reconstruire l’État.
Le décret n°2025-670 du 29 avril 2025 encadre le fonctionnement de ces organes délibérants. Très bien. Mais un texte n’a de valeur que s’il est appliqué. Aujourd’hui, nous devons passer à l’action : auditer, assainir, remplacer. Il n’est pas question de ménager les égos ou de craindre les remous dans les cercles du pouvoir.
Au Rwanda, le président Kagame n’a jamais hésité à limoger des ministres ou des responsables jugés inefficaces, même s’ils étaient proches de lui. Cette rigueur, c’est ce qu’attendent les Sénégalais. On ne peut pas prôner la rupture avec l’ancien régime tout en gardant ses instruments les plus décriés.
Nous savons que le Premier ministre est un homme de principes, engagé et exigeant. Mais aujourd’hui, l’heure n’est plus à l’avertissement. Il faut agir, trancher, renouveler. Il y va de la réussite du projet présidentiel, mais aussi de la crédibilité du nouveau pouvoir.
Car il ne suffit pas de dénoncer des dysfonctionnements, il faut avoir le courage politique d’en tirer toutes les conséquences. Maintenir des incompétents dans des postes stratégiques, c’est trahir les idéaux pour lesquels tant de Sénégalais ont voté.
Alors, Monsieur le Premier ministre, ne tergiversez plus : faites le ménage. Renouvelez sans complaisance. Placez l’intérêt général au-dessus des arrangements politiciens. C’est à ce prix que le Sénégal pourra réellement amorcer sa reconstruction.
Le peuple n’a plus besoin d’avertissements. Il attend des actes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Modou Diouf.
Mis en ligne : 19/06/2025
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