Depuis plusieurs jours, une rumeur fait grand bruit sur les réseaux sociaux : la Côte d’Ivoire aurait prêté de l’argent au Sénégal. Face à cette désinformation grandissante, le ministère sénégalais des Finances a dû intervenir pour clarifier la situation. Selon le communiqué, il ne s’agirait nullement d’un financement direct entre États, mais d’une opération classique sur le Marché des Titres Publics (MTP) de l’UEMOA.
Toutefois, ce que ce genre de communication feint d’occulter, c’est la question centrale : Pourquoi le Sénégal multiplie-t-il les emprunts ? Ce recours excessif à l’endettement, camouflé sous des termes technocratiques, reproduit les erreurs du passé, fragilise notre souveraineté budgétaire et trahit les promesses de rupture.
Depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau régime, l’opinion publique s’attendait à une gestion rigoureuse, sobre et transparente des finances publiques. Or, ce que nous observons, c’est une continuité dans la dépendance à l’endettement extérieur, qu’il soit multilatéral, bilatéral ou, comme ici, régional. Le MTP de l’UEMOA permet certes à tous les États membres d’accéder à des financements, mais cela ne signifie pas que cette pratique est neutre ou sans conséquences pour la stabilité économique du pays.
Le ministère tente de rassurer : ce n’est pas un prêt de la Côte d’Ivoire, ce sont des souscriptions à des titres publics. Une réponse habile, mais qui esquive les vraies questions. Qui souscrit ? Pour quels montants ? Quelle est la fréquence de ces emprunts ? Quelle est la capacité réelle du pays à rembourser ? Pourquoi emprunter autant, aussi vite, aussi souvent ? La réalité est que cette frénésie d’endettement trahit une faiblesse structurelle : l’État vit largement au-dessus de ses moyens.
L’endettement sur le marché régional, bien que légal, manque de transparence dans sa gestion. Les citoyens n’ont pas accès aux détails des emprunts, aux conditions d’intérêt ni à la stratégie de remboursement.
Au lieu de rationaliser les dépenses, notamment en supprimant les privilèges hérités de l’ancien système, l’État persiste dans les dépenses somptuaires tout en s’endettant davantage. C’est un non-sens économique.
Attention si vous comptez sur le pétrole et le gaz pour réparer les dégâts causés par l’endettement, car ces ressources peuvent disparaître du jour au lendemain. Peut-être pensez-vous que ce n’est pas possible, mais gardez en tête que la nature est complexe et qu’un phénomène extraordinaire peut survenir à tout moment.
D’autres pays africains ayant abusé de l’endettement régional comme la Zambie ou le Ghana se sont retrouvés en défaut de paiement. Allons-nous répéter les mêmes erreurs ?
On peut toujours jouer sur les mots : ce n’est pas un prêt ivoirien, mais une souscription régionale. Le fait est là : le Sénégal s’endette, beaucoup, trop, sans rendre de comptes. Le peuple mérite mieux qu’un jargon financier destiné à masquer des décisions politiques dangereuses. Il faut rompre avec cette logique suicidaire.
Si le nouveau pouvoir veut mériter la confiance populaire, il doit faire preuve de sobriété, de transparence et surtout, de responsabilité. Emprunter à tour de bras, c’est hypothéquer l’avenir. Nous disons non à cette fuite en avant. Place à la rupture réelle.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Gueye.
Mis en ligne : 19/06/2025
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