La course au corps parfait vire au cauchemar. À Dakar, la Division spéciale de cybersécurité (DSC) vient de frapper fort contre la médecine esthétique illégale, en pleine expansion sur les réseaux sociaux. Cette semaine, deux influenceuses très suivies sur TikTok, ainsi qu’une infirmière diplômée, ont été arrêtées. Elles sont accusées d’exercice illégal de la médecine et de vente de produits pharmaceutiques non homologués.
Les enquêteurs, dirigés par les services du commissaire Faye, ont mis au jour deux réseaux clandestins fonctionnant selon des méthodes comparables : promotion de soins esthétiques sur les réseaux sociaux, injections de substances dans des conditions sanitaires précaires, et consultations sans aucune base médicale légale. Un cocktail dangereux pour la santé des clientes, séduites par des promesses de transformation rapide.
La première opération a eu lieu à Pikine. A.C., influenceuse populaire sur TikTok, proposait des injections destinées à remodeler le corps : augmentation des fesses, hanches redessinées, visage rajeuni. Tout cela à l’aide de produits pharmaceutiques manipulés sans encadrement médical.
Grâce à une surveillance numérique pointue, la DSC a interpellé A.C. lors d’une descente surprise. Sur place, ils ont saisi un stock de lidocaïne (anesthésiant), de Lipo Lab (produit brûle-graisse) et de seringues à insuline : des éléments utilisés pour des actes esthétiques illégaux, souvent risqués.
Deux jours plus tard, nouvelle arrestation : A.N.B., influenceuse elle aussi très active, est arrêtée avec une complice de taille — une infirmière diplômée. Ensemble, elles proposaient des soins plus complexes, comme des injections ciblées et des « packs beauté » interdits.
Le matériel retrouvé lors de la perquisition, substances non autorisées, seringues, dispositifs médicaux, atteste d’une activité bien rodée. Malgré leurs dénégations en garde à vue, les preuves s’accumulent contre les deux influenceuses.
Cette affaire met en lumière un phénomène grandissant : l’essor de pratiques esthétiques risquées, souvent promues par des influenceuses sans aucune compétence médicale. Poussées par la quête de visibilité et de revenus rapides, elles mettent en danger la vie d’autrui en exploitant les complexes de nombreuses jeunes femmes.
Le souvenir encore vif d’une influenceuse sénégalaise décédée en Turquie après une chirurgie esthétique ratée plane sur cette actualité. L’affaire a secoué les réseaux et a suscité un débat national sur les dérives esthétiques.
Les trois femmes interpellées — deux influenceuses et une infirmière — sont toujours en garde à vue. Leur déferrement devant le procureur du Tribunal de grande instance de Dakar est prévu pour vendredi. Elles sont poursuivies pour exercice illégal de la médecine, mise en danger de la vie d’autrui, et trafic de produits pharmaceutiques non autorisés.
À l’heure où les standards de beauté dictés par les plateformes sociales se banalisent, cette affaire pourrait marquer un tournant. Pour beaucoup, c’est le moment d’envoyer un message fort contre ces pratiques sauvages qui transforment la quête d’esthétique en véritable menace pour la santé publique.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 20/06/2025
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