Le procès de Moustapha Diakhaté s’est tenu ce mercredi au Tribunal des flagrants délits de Dakar. L’ancien ministre conseiller, poursuivi pour offense au chef de l’État, connaîtra sa sentence le 2 juillet prochain. Le procureur a requis six mois d’emprisonnement, dont trois fermes, ainsi qu’une amende de 200 000 francs CFA.
Dans un contexte marqué par une sensibilité exacerbée autour de l’image du président de la République, les critiques, même modérées, deviennent soudainement passibles de prison. Depuis quelque temps, les procédures judiciaires contre les voix dissidentes se multiplient. Le cas de Moustapha Diakhaté s’inscrit dans cette logique inquiétante de criminalisation de la parole critique.
Qu’a-t-il dit de si grave pour mériter la prison ? À cette question, aucune réponse ne semble justifier un tel zèle judiciaire. À ce stade, maintenir Moustapha Diakhaté en prison pendant deux semaines supplémentaires, dans l’attente du verdict, relève plus de la punition que d’une nécessité procédurale.
Le traitement réservé à Moustapha Diakhaté pose une question fondamentale : la justice sénégalaise est-elle indépendante ou désormais couchée aux pieds de l’exécutif ? Le parquet, pourtant supposé représenter l’intérêt général, semble s’ériger en bras armé du pouvoir, prompt à sanctionner toute voix discordante. Cette posture ne sert ni la démocratie ni la crédibilité des institutions judiciaires.
La dureté du réquisitoire trois mois de prison ferme pour des propos critiques est révélatrice d’un climat de méfiance envers la liberté d’expression. Au Bénin ou au Ghana, la critique du président, même virulente, ne mène pas systématiquement devant les tribunaux. Le Sénégal, jadis cité en exemple pour sa vitalité démocratique, glisse lentement vers une république où la parole est sous surveillance.
L’acharnement contre Moustapha Diakhaté ne relève plus de la justice, mais d’une volonté de dissuasion. Que gagne-t-on à maintenir un homme en détention préventive pour de simples propos ? Rien, si ce n’est semer la peur et détourner les débats publics des véritables urgences sociales et économiques.
Refusons cette logique de répression. Le Sénégal a besoin d’une justice debout, impartiale, et réellement indépendante, non d’une institution qui punit les critiques au lieu de protéger les libertés. Moustapha Diakhaté ne doit pas être un bouc émissaire politique.
La justice doit se redresser, non pour plaire au pouvoir, mais pour servir l’équité. Libérez Moustapha Diakhaté. C’est une exigence, de bon sens, et d’honneur républicain.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Modou Fall.
Mis en ligne : 20/06/2025
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