À Kinshasa, l’heure est à l’optimisme prudent. « Accord de paix RDC-Rwanda : un pas décisif vers la stabilité », titre en Une le Journal de Kinshasa, saluant « une étape majeure » dans le processus de normalisation entre les deux voisins.
L’accord, scellé mercredi à Washington sous l’égide des États-Unis, prévoit « le respect mutuel de l’intégrité territoriale », « l’interdiction des hostilités » et « le désarmement des groupes armés non-étatiques ». Des engagements lourds de sens dans une région des Grands Lacs marquée par des décennies de violences récurrentes.
Mais dans la capitale congolaise, tout le monde ne partage le même enthousiasme. Le Maximum tempère, parlant d’un « pré-accord arraché par Washington », et salue « la pugnacité de la médiation américaine ». Le journal souligne que pour les États-Unis, « l’heure n’est plus aux tergiversations », visant nommément le régime de Paul Kagamé, qu’il accuse d’« activisme militaro-économique ».
À Kigali, la presse reste plus mesurée. The New Times évoque un « projet d’accord de paix RDC-Rwanda », et précise que le document ne sera officiellement signé que le 27 juin, par les ministres des Affaires étrangères des deux pays. La prudence reste donc de mise, tant les précédents accords se sont souvent heurtés à la réalité des armes sur le terrain.
Dans une tribune percutante publiée sur Sénéplus, l’ancien secrétaire général d’Amnesty International, Pierre Sané, pousse un véritable coup de gueule contre l’hypocrisie des interventions militaires occidentales. Intitulé « Bombarder une intention », son texte revient sur les manipulations autour des « armes de destruction massive » en Irak, avant de dresser un parallèle avec la situation actuelle en Iran.
« Une fois l’Irak détruit, ils n’ont rien trouvé. Alors, ils ont évoqué l’intention de Saddam Hussein de se procurer ces armes », ironise Sané, qui dénonce « les mensonges répétés, suivis de matraquages médiatiques » dans les cas de la Libye, de la Syrie, de l’Afghanistan, ou encore de la Côte d’Ivoire. L’ancien haut fonctionnaire fustige en particulier le discours de Benyamin Netanyahu, accusé d’agiter depuis 30 ans la menace d’une bombe iranienne imminente. Il conclut par une formule-choc : « L’empire du mensonge est en train de s’écrouler (…) Pendant ce temps, l’extermination du peuple palestinien se poursuit dans une indifférence glaçante. »
À Dakar, c’est un tout autre front qui s’ouvre : celui du sport et des visas. Cinq joueuses de l’équipe nationale féminine de basket se sont vu refuser l’entrée aux États-Unis, où un stage de préparation était prévu avant l’Afrobasket 2025, organisé en Côte d’Ivoire.
Dans une déclaration relayée par Sénégal7, le président de la Fédération sénégalaise de basket, Babacar N’diaye, précise : « L’Ambassade des États-Unis n’a accepté que les renouvellements de visa, les nouvelles demandes ont été rejetées. »
Face à cette situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a pris la parole en personne. Il a annoncé l’annulation pure et simple du stage aux États-Unis. « Ce stage sera désormais organisé à Dakar, dans un cadre souverain et propice à la performance de nos athlètes », a-t-il déclaré, des propos salués comme « fermes et engagés » par Sénégo.
Pour Jeune Afrique, cette affaire illustre la « nervosité administrative » croissante des États-Unis à l’égard des pays africains. Le média évoque une extension du « travel ban » initié sous Donald Trump, visant potentiellement 25 pays du continent, dont le Sénégal. Une tension diplomatique à suivre de près, surtout dans un contexte où la coopération sportive est aussi un vecteur d’influence géopolitique.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 20/06/2025
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