C’est une Une qui fait l’effet d’un électrochoc : « Trump déclare qu’il décidera d’une attaque contre l’Iran dans les deux prochaines semaines », annonce le New York Times. Le quotidien américain ne se contente pas de relayer cette déclaration.
Il en explore les ramifications militaires, détaillant la possible offensive ciblée sur les installations nucléaires iraniennes, notamment le site souterrain de Fordo. Une éventuelle frappe qui pourrait reposer sur l’utilisation de MOP – Massive Ordnance Penetrators – des bombes géantes capables de perforer bunkers et couches rocheuses.
Le scénario évoqué par le Times est chirurgical : entre deux heures et quatre heures du matin, moment jugé optimal pour surprendre l’ennemi. « Que ce soit avec une mitrailleuse ou une bombe, c’est l’heure idéale pour frapper », confie un ancien pilote de chasse, dans un cynisme aussi froid que stratégique.
Si cette annonce soulève l’inquiétude de nombreux analystes, certains y voient une forme de calcul. Jan Philip Burgard, rédacteur en chef du groupe médiatique Welt en Allemagne, va jusqu’à qualifier Donald Trump de « porteur d’espoir », balayant l’idée d’un président imprévisible. Pour lui, Trump joue sur l’ambiguïté stratégique. « Il reste volontairement vague pour conserver sa flexibilité et déstabiliser ses adversaires », avance-t-il.
Mais cette pression militaire intervient alors que Téhéran est déjà sous le choc. Selon Foreign Affairs, repris par Courrier International, l’Iran aurait subi des pertes significatives dans son appareil militaire et nucléaire ces derniers jours, notamment sous les coups d’Israël. « Même si l’étendue réelle des dégâts est inconnue, il est peu probable que le pays puisse s’en remettre aisément », estime l’universitaire américain d’origine iranienne Afshon Ostovar.
Et face à cette situation, le régime iranien semble à la croisée des chemins : « capituler, négocier, ou se radicaliser davantage ». Dans tous les cas, la République islamique sortirait amoindrie de cette épreuve, affirme Ostovar.
En Israël, le gouvernement de Benyamin Netanyahu peut compter sur le soutien d’une large partie de la population. Le Monde rapporte les propos de Shoshi Arbuz, mère de famille de la banlieue de Tel Aviv, qui résume un sentiment répandu : « Je ne veux pas la guerre, mais ils auraient attaqué si nous ne l’avions pas fait ». Une résignation teintée de détermination, nourrie par la peur d’un Iran perçu comme une menace existentielle.
Pour autant, Téhéran n’a peut-être pas dit son dernier mot. L’Orient-Le Jour s’interroge : l’Iran osera-t-il fermer le détroit d’Ormuz, par lequel transite près d’un tiers du pétrole mondial ? Cette option, qualifiée d’« arme de dissuasion considérable », pourrait bouleverser les marchés mondiaux. Le commandant des Gardiens de la Révolution a récemment déclaré que cette action était « envisagée ».
Mais Saeed Aganji, analyste iranien interrogé par le quotidien libanais, tempère : « La fermeture du détroit reste une mesure de dernier recours, que l’Iran ne prendrait qu’en cas d’agression directe et massive ». En somme, un geste désespéré, à haut risque.
À mesure que les jours passent, les lignes se tendent. L’ombre d’un nouveau conflit majeur plane sur le Moyen-Orient, et le monde observe, suspendu à la prochaine déclaration – ou au prochain missile. L’Iran vacille, Israël s’arme, et Washington pourrait bien appuyer sur la détente. Reste à savoir si l’ambiguïté stratégique invoquée par Trump suffira à éviter le point de non-retour.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 20/06/2025
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