Le Comité national de gestion de la lutte (CNG) s’apprête à franchir un tournant décisif. À quatre mois de la fin de son mandat, l’organe provisoire chargé d’administrer la lutte sénégalaise se retrouve sous pression. Sa mission prioritaire : concrétiser la création de la Fédération sénégalaise de Lutte, un projet ambitieux, stratégique, mais semé d’embûches.
Depuis sa nomination le 31 octobre 2024, Pierre Malick Ngom, président du CNG, s’est vu confier une feuille de route claire par la ministre des Sports, Khady Diène Gaye : poser les fondations d’une Fédération sénégalaise de Lutte avant la fin de son mandat. Huit mois plus tard, cette volonté politique affichée commence à prendre forme sur le terrain.
Lors d’une réunion tenue cette semaine entre le ministère des Sports et les membres du CNG, Gilbert Mbengue, Directeur des Activités Physiques et Sportives (DAPS), a annoncé l’élaboration imminente d’un chronogramme précis. Ce document stratégique balisera les étapes vers la mise en place de la Fédération sénégalaise de Lutte : état des lieux, révision des textes, définition du cadre électoral. « Tous les avis exprimés seront pris en compte pour établir ce chronogramme avec des dates précises », a-t-il assuré.
Malgré cette avancée, de nombreuses voix s’élèvent pour mettre en garde contre un optimisme prématuré. Ababacar Diop, président du Comité régional de gestion (CRG) de Thiès, se montre sceptique face au calendrier. « Il y a des choses qui sont tout simplement impossibles à réaliser dans les délais », alerte-t-il.
Le manque de structuration dans plusieurs régions, l’absence de données fiables sur les écuries de lutte et la faible représentativité nationale sont autant d’obstacles. Diop cite notamment les régions de Sédhiou, Kolda, Kédougou, Matam, Saint-Louis et Louga, où l’activité lutte est très marginale. « Peut-on réellement aller vers une fédération sans une implication nationale ? », s’interroge-t-il.
Conscient de ces défis, le CNG mise sur une démarche inclusive. Un document de travail devrait être soumis prochainement à l’ensemble des régions, afin de recueillir suggestions et amendements. Objectif : garantir une légitimité pleine et entière à la future Fédération sénégalaise de Lutte.
Pour Gilbert Mbengue, cette réforme n’est pas imposée d’en haut. Elle répond à une demande des acteurs de la lutte, exprimée notamment lors des dernières assises nationales du sport. « Ce que nous souhaitons tous, c’est que cette transition se fasse dans les meilleures conditions et les meilleurs délais », affirme-t-il.
Au-delà de sa portée administrative, la création de la Fédération sénégalaise de Lutte représente une avancée majeure pour ce sport traditionnel profondément enraciné dans la culture nationale. Elle offrirait un cadre plus structuré, faciliterait l’accès aux financements et renforcerait la reconnaissance internationale de la lutte sénégalaise.
Mais la route est étroite. Entre volonté politique, contraintes logistiques et lente mobilisation du terrain, le CNG doit réussir cette mutation ou risquer de prolonger un statu quo de plus en plus décrié. Le compte à rebours est lancé.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 20/06/2025
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