Le Sénégal franchit une nouvelle étape dans sa conquête de l’espace. Ce jeudi, depuis Montpellier, le professeur Gayane Faye, chercheur associé au CNES et coordonnateur du programme SenSAT, a confirmé les avancées majeures dans la conception du deuxième satellite national, GAINDESAT-1B.
Fruit d’un travail mené par une équipe d’ingénieurs sénégalais, ce projet s’inscrit dans la continuité de GAINDESAT-1A, lancé en 2023, et reflète la volonté du pays de s’imposer dans la filière spatiale émergente en Afrique.
Développé dans le cadre du programme SenSAT, avec un appui scientifique international mais une maîtrise d’œuvre assurée localement, GAINDESAT-1B vise à renforcer les capacités du Sénégal dans des secteurs stratégiques : suivi environnemental, aménagement du territoire, gestion des ressources naturelles et sécurisation agricole. Le satellite embarquera une charge utile multispectrale, conçue pour offrir une meilleure précision dans la collecte des données sur le territoire national.
Au-delà de sa portée symbolique, ce projet illustre une stratégie ambitieuse : réduire la dépendance aux données extérieures et renforcer l’autonomie nationale dans la production d’informations géospatiales à haute valeur décisionnelle. À l’heure où les politiques publiques s’appuient de plus en plus sur ces données — pour surveiller l’occupation des sols, anticiper les risques climatiques ou optimiser les cultures, le contrôle de ces technologies devient un enjeu clé de souveraineté.
Cependant, cette ambition fait face à plusieurs défis. La pérennisation des compétences techniques nécessite un solide dispositif humain et matériel, au-delà des promesses. Sur le plan financier et institutionnel, l’écosystème spatial, coûteux et très spécialisé, reste en construction, notamment dans ses interactions avec les administrations utilisatrices.
Avec GAINDESAT-1B, le Sénégal rejoint un cercle restreint de pays africains disposant d’une capacité nationale, même partielle, dans la fabrication ou l’exploitation de satellites. Si ce lancement ne bouleverse pas encore les équilibres technologiques régionaux, il marque une trajectoire claire : celle d’un État déterminé à se positionner sur un secteur à fort enjeu stratégique, dépassant les seuls symboles diplomatiques.
Reste désormais à voir si cette dynamique se traduira par un ancrage institutionnel et industriel durable, condition sine qua non pour que l’entrée du Sénégal dans l’ère spatiale ne reste pas un simple coup d’essai.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 20/06/2025
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