Au Cameroun, un homme seul ose défier la machine infernale d’un régime à bout de souffle. Leon Theiller, conseiller municipal de Monatélé, a eu le courage de contester la probable candidature du président Paul Biya à la prochaine présidentielle.
Dans un geste rare de probité politique, il a saisi l’Élécam pour dénoncer l’illégalité d’une investiture sans congrès du RDPC, le parti au pouvoir. Nous saluons cette démarche, et nous nous joignons à lui dans son combat contre un système verrouillé par la peur, la manipulation et la confiscation du pouvoir.
Depuis plus de 40 ans, Paul Biya règne sans partage sur le Cameroun, enchaînant les mandats et étouffant la vie démocratique. Le RDPC, qui devait être un outil politique au service du peuple, s’est transformé en une cour de courtisans où la contestation interne est synonyme de suicide politique. Theiller ose rappeler une vérité élémentaire : un parti politique digne de ce nom doit respecter ses propres statuts. Le dernier congrès du RDPC remonte à 2011, et le mandat de Biya en tant que président du parti n’a jamais été renouvelé conformément aux règles.
Ce que fait Leon Theiller n’est pas simplement un acte de réclamation administrative. C’est un cri de résistance dans un pays où la loi est systématiquement contournée pour servir les intérêts d’un seul homme. Il sait pertinemment les risques qu’il encourt : marginalisation politique, menaces, pressions, voire pires. Pourtant, il persiste. Ce geste, isolé mais symbolique, révèle la profondeur du mal camerounais : un système où toute opposition réelle est muselée, et où le simple rappel au respect des textes devient une bombe politique.
Face à cette dénonciation courageuse, le silence des autres membres du RDPC et des institutions est accablant. Où sont les intellectuels, les juristes, les figures morales du pays ? Pourquoi la société civile n’élève-t-elle pas la voix pour soutenir ce combat ? Leon Theiller n’est pas seulement seul politiquement, il est abandonné moralement. Cela en dit long sur la peur qui règne dans le pays et sur la résignation d’une grande partie de la population.
Ce n’est pas un hasard si cette situation résonne tragiquement avec d’autres cas sur le continent. En Guinée Équatoriale, au Tchad, au Congo-Brazzaville, ou encore au Gabon avant 2023, les mêmes scénarios se répètent : des hommes vieillissants s’accrochant au pouvoir, des partis politiques transformés en coquilles vides, et des peuples pris en otage. Le cas camerounais est l’un des plus extrêmes, car Paul Biya, âgé de 91 ans, continue de vouloir gouverner un pays de plus de 28 millions d’habitants alors que la majorité de ses concitoyens ont moins de 25 ans.
Nous appelons la jeunesse camerounaise, les voix libres, les médias courageux, à briser le mur du silence. Leon Theiller ne doit pas rester seul. Son geste est une étincelle, il peut devenir un feu de renouveau. Il ne s’agit plus de débattre du nombre de mandats ou des procédures internes du RDPC, il s’agit de réaffirmer la souveraineté du peuple camerounais. Refuser une nouvelle candidature de Biya, c’est défendre le droit à un avenir. C’est protéger la dignité nationale.
La dictature n’est forte que de notre silence. À nous de rompre ce silence.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Dany.
Mis en ligne : 20/06/2025
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