L’ancien président Macky Sall et son parti, l’Alliance pour la République (APR), montent au créneau pour exiger du nouveau gouvernement la publication immédiate du bulletin statistique de la dette publique, dont la dernière version remonte à juin 2024. Dans un communiqué pompeux, l’APR dénonce un « retard inhabituel » et fustige une prétendue dérive financière de l’État. Quelle ironie ! Ceux-là mêmes qui, pendant plus d’une décennie, ont verrouillé l’accès aux données publiques se découvrent aujourd’hui une passion soudaine pour la bonne gouvernance. Trop facile, trop grossier, trop cynique.
On ne peut que s’étrangler devant tant de duplicité. Sous Macky Sall, les scandales liés à la gestion opaque des ressources publiques ont rythmé l’actualité : contrat de pétrole et de gaz entaché de soupçons, marchés publics douteux, surfacturations, dette exponentielle contractée sans débat public. Et aujourd’hui, ces anciens gestionnaires de l’ombre osent brandir la bannière de la transparence ? C’est un peu comme si un pyromane réclamait des extincteurs après avoir brûlé la maison.
Ne nous y trompons pas : cette soudaine ardeur de l’Alliance pour la République (APR) n’a rien à voir avec un souci sincère pour la rigueur budgétaire. Elle vise avant tout à déstabiliser le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye, qui commence à peine à redresser une administration plombée par des années de pratiques clientélistes et de favoritisme. En exigeant la publication rapide de documents techniques, l’APR cherche à semer le doute, à fragiliser une équipe dont la principale promesse était justement de corriger les errements de l’ère Macky.
Dans cette manœuvre, on retrouve une recette bien connue : accuser les autres de ses propres manquements. Pendant que le gouvernement met en place une politique de transparence progressive en promettant la publication des rapports d’exécution budgétaire, l’Alliance pour la République (APR) crie au scandale pour un bulletin retardé. Pourtant, sous leur règne, ces mêmes bulletins étaient parfois publiés avec des mois de décalage, sans que personne ne s’en émeuve. Le peuple n’a pas oublié l’opacité qui entourait les dépenses budgétaires, les projets pharaoniques non documentés, ou les exonérations fiscales accordées à des proches du pouvoir.
Le Sénégal n’est pas un cas isolé. Au Nigéria ou au Kenya, les anciens partis au pouvoir adoptent souvent la posture de redresseurs de torts une fois dans l’opposition, alors qu’ils ont eux-mêmes sapé les fondations de la redevabilité. Mais la réalité finit toujours par les rattraper : le peuple sait faire la différence entre une critique honnête et une vengeance politique camouflée. L’APR ferait bien de s’en inspirer.
Bassirou Diomaye Faye et son équipe n’ont certes pas encore atteint tous leurs objectifs en matière de transparence. Mais ils doivent être jugés sur leurs actes, pas sur les diktats d’un ancien régime amnésique et revanchard. Le peuple sénégalais n’est pas dupe. Il voit bien qui tente de saboter le changement par intérêt et par peur de rendre des comptes.
Citoyens, ne nous laissons pas manipuler. Ce n’est pas à ceux qui ont érigé l’opacité en système de venir aujourd’hui donner des leçons de vertu. L’Alliance pour la République (APR) a eu ses dix années. Le résultat est là, désastreux. Alors qu’ils se taisent ou qu’ils assument. Mais qu’ils arrêtent de prendre le peuple pour un imbécile.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Ameth Sow.
Mis en ligne : 22/06/2025
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