Le président ivoirien Alassane Ouattara a récemment déclaré qu’il rendrait publique « dans les jours à venir » sa décision de se porter – ou non – candidat à la présidentielle du 25 octobre 2025. Cette annonce, faite devant des dizaines de milliers de militants de son parti, le RHDP, à Abidjan, entretient le flou sur ses intentions. Cette indécision, loin d’être anodine, révèle une tendance préoccupante : celle d’un chef d’État qui rechigne à passer le relais, au risque d’affaiblir les fondements démocratiques du pays.
La limitation des mandats présidentiels n’est pas un simple mécanisme juridique. Elle constitue un rempart essentiel contre la dérive autoritaire et l’accaparement du pouvoir. En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara avait lui-même affirmé à plusieurs reprises qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat, notamment en 2020. Or, son choix de se représenter cette année-là – invoquant un vide juridique créé par la nouvelle Constitution – avait déjà semé la discorde et provoqué des violences. Aujourd’hui, l’histoire semble vouloir se répéter, avec les mêmes risques.
En maintenant un flou stratégique, le président Ouattara entretient un « vrai-faux suspense », selon Générations Nouvelles, qui qualifie l’homme de « roi des dribbles politiques ». Cette tactique, souvent utilisée pour jauger l’opinion ou resserrer les rangs du parti, s’apparente davantage à une mise en scène qu’à une réelle réflexion démocratique. Elle laisse planer le doute et empêche une véritable compétition politique. Le pays mérite mieux qu’un feuilleton personnalisé ; il mérite une vision claire, des règles stables et un terrain électoral équitable.
L’histoire récente du continent africain regorge d’exemples où le refus de quitter le pouvoir a conduit à des crises majeures : Blaise Compaoré au Burkina Faso, Alpha Condé en Guinée, ou encore Joseph Kabila en RDC. Tous ont sous-estimé la colère populaire et les exigences d’alternance. Lorsque les dirigeants s’accrochent au pouvoir, les tensions montent, les institutions vacillent, et la violence devient souvent l’unique exutoire.
En Côte d’Ivoire, les divisions politiques sont encore vives. Une nouvelle candidature d’Alassane Ouattara pourrait rallumer des braises à peine éteintes et compromettre la stabilité du pays. Même dans son propre camp, certains semblent conscients des risques. Pascal Affi Nguessan rappelle que le président « connaît les enjeux d’une candidature de trop ». Le moment est venu de traduire cette conscience en action.
Un dirigeant véritablement démocrate ne mesure pas sa grandeur à la durée de son règne, mais à sa capacité à organiser une succession paisible et respectueuse des institutions. En Côte d’Ivoire, la jeunesse aspire à un renouveau politique. Le président Ouattara, qui a déjà marqué l’histoire du pays, a aujourd’hui l’occasion de faire preuve de grandeur en tenant sa promesse de retrait.
La Côte d’Ivoire doit rompre définitivement avec les pratiques d’indécision stratégique et les velléités de règne perpétuel. Le respect des engagements, la préparation d’une transition claire et équitable, et l’ouverture du champ politique à d’autres figures sont des conditions sine qua non pour préserver la paix sociale et consolider la démocratie.
Ne pas céder le pouvoir, c’est trahir la promesse démocratique. Alassane Ouattara doit prendre une décision claire – celle de se retirer.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Babacar Dramé.
Mis en ligne : 23/06/2025
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