Les premiers résultats du baccalauréat technique 2025 viennent de tomber, et les chiffres relayés par le jury 1446, le seul en charge, laissent un goût amer. Sur les 113 candidats évalués, seuls 33 ont été admis d’office, tandis que 57 devront affronter un second tour.
Le reste, soit 23 jeunes, a été ajourné. Derrière ces chiffres se cache une réalité inquiétante : une méthode d’évaluation et de délibération qui semble inadaptée, voire biaisée, au détriment de la jeunesse sénégalaise en quête d’avenir.
Le baccalauréat technique est censé représenter une voie alternative crédible pour répondre aux besoins croissants en compétences professionnelles et technologiques. Dans un pays où le chômage des jeunes atteint des sommets, il devrait être un levier de développement, une passerelle vers l’emploi ou l’entrepreneuriat. Hélas, les chiffres annoncés, couplés au fonctionnement du jury, traduisent plutôt un système qui décourage.
Qu’un seul jury ait été mobilisé pour statuer sur l’avenir de plus d’une centaine de candidats est en soi une anomalie. Peut-on réellement parler d’objectivité quand les décisions sont centralisées à ce point ? Une telle concentration du pouvoir d’évaluation augmente considérablement les risques de partialité, d’erreurs ou d’arbitraire. L’absence d’un système de contre-expertise ou d’un second regard remet en cause l’équité du processus. Et dans ce contexte, chaque échec devient suspect, chaque réussite aussi.
Au-delà des résultats bruts, ce qui frappe, c’est le silence sur les critères d’évaluation, les notes détaillées ou les raisons précises de l’ajournement de certains élèves. Que sait-on des performances individuelles ? Quels barèmes ont été utilisés ? Le public est tenu dans l’ignorance, les candidats aussi. Cette opacité crée un climat de suspicion qui nuit à la crédibilité même de ce baccalauréat technique 2025.
Prenons l’exemple du Maroc ou de la Tunisie, où le baccalauréat technique est valorisé, avec des jurys diversifiés, des procédures claires, des recours possibles, et surtout, une publication détaillée des résultats. Cette rigueur inspire confiance. Au Sénégal, l’approche semble expéditive et rigide, loin des exigences d’un système éducatif moderne et juste.
Nous ne pouvons pas prétendre vouloir promouvoir l’enseignement technique tout en le noyant dans des procédures opaques et des critères flous. Il ne suffit pas de délibérer ; encore faut-il le faire de manière transparente, équitable et structurée. Les élèves, leurs familles, mais aussi l’économie nationale méritent mieux qu’un jury unique et une série de résultats qui laissent planer le doute.
La jeunesse sénégalaise, surtout celle qui choisit la voie technique, ne peut plus être la victime d’un système rigide et opaque.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Diarra Thiandoum.
Mis en ligne : 23/06/2025
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