Le récent affrontement entre l’US Ouakam et le Jaraaf, deux poids lourds du football sénégalais, ne s’est pas seulement terminé sur un match nul. Il s’est surtout achevé dans un chaos indigne. Bousculades, jets de projectiles, supporters en furie, forces de l’ordre débordées : ce spectacle désolant ne peut plus être relégué au rang d’incident isolé. Ce constat appelle à une remise en question profonde. Les clubs de football sénégalais sont coupables de laxisme et de silence face à la montée d’une violence qu’ils pourraient et devraient contribuer à enrayer.
La rivalité sportive au Sénégal est ancienne, mais elle s’est trop souvent muée en hostilité dangereuse. Ce n’est pas la première fois que des affrontements éclatent à la suite d’un match de championnat. En 2017, un drame avait déjà endeuillé le football national lors de la finale de la Coupe de la Ligue entre le Stade de Mbour et l’US Ouakam : huit morts, des dizaines de blessés. Et pourtant, rien n’a fondamentalement changé.
Les vidéos de l’altercation entre les supporters de l’US Ouakam et du Jaraaf rappellent tristement à quel point les clubs sénégalais ne prennent pas leurs responsabilités dans la gestion de leurs supporters. Ni les appels au calme, ni les messages ponctuels sur les réseaux sociaux ne suffisent à masquer cette inaction profonde. L’absence de dispositifs préventifs, de campagnes d’éducation et d’encadrement des groupes de supporters est criante.
Plus grave encore, certains clubs de football sénégalais ferment les yeux sur des agissements qu’ils connaissent pertinemment. Certains dirigeants évitent même de condamner publiquement leurs propres supporters par peur de froisser leur base. C’est une erreur stratégique et morale.
Un club de football ne se limite pas à une équipe sur un terrain. C’est une institution, un moteur social, un modèle pour des milliers de jeunes. En ne jouant pas ce rôle, les clubs deviennent les complices silencieux de comportements inacceptables.
Ailleurs, les clubs prennent leurs responsabilités : en Europe, certaines équipes imposent des sanctions à leurs propres supporters, organisent des séances de sensibilisation, coopèrent avec la police pour identifier les fauteurs de trouble. Pourquoi pas au Sénégal ? Pourquoi laisse-t-on proliférer une culture d’impunité, comme si les violences faisaient partie intégrante du folklore local ?
En Afrique du Sud, après plusieurs incidents similaires, des clubs ont investi dans des campagnes massives de sensibilisation et de contrôle des tribunes. Résultat : une nette diminution des violences dans certains stades. Cela prouve que l’engagement des clubs peut faire la différence. Alors pourquoi persister dans l’inaction ?
Cesser de traiter ces violences comme des accidents imprévisibles devient une urgence. Les clubs de football sénégalais doivent prendre la pleine mesure de leur influence et de leur devoir. Ils doivent former, encadrer, responsabiliser. Ils doivent être exemplaires. Le public mérite de vivre sa passion dans la paix. Les enfants méritent de rêver de football, pas de craindre les stades.
Assez de complaisance. Les clubs de football sénégalais doivent assumer leur part de responsabilité et agir fermement contre la violence qu’ils contribuent, par leur silence, à entretenir.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Dia.
Mis en ligne : 23/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
