Chaque semaine, un nouveau débat agite les réseaux sociaux autour du PASTEF. Leaders, militants et sympathisants s’invectivent, se soupçonnent, s’accusent. Ce spectacle attriste autant qu’il inquiète. Pourtant, loin d’y voir une fatalité, nous faisons ici le choix d’un regard positif : ces tensions sont révélatrices d’un besoin profond de structuration. Le PASTEF a grandi trop vite. Désormais, il faut poser les fondations solides d’un mouvement politique durable. Et cela passe inévitablement par la formation politique structurée de ses membres.
Le PASTEF, né en 2014, a bouleversé la scène politique sénégalaise. Son discours anti-système, sa posture panafricaniste et souverainiste, son éthique de rupture avec les pratiques politiciennes classiques ont séduit de larges pans de la population. Mais cette ascension fulgurante s’est aussi faite au prix de certains raccourcis : un encadrement idéologique faible, des structures internes encore fragiles, et une base militante souvent passionnée, mais peu formée aux exigences de la vie politique.
Face à cela, la multiplication des querelles internes n’est pas une surprise, mais bien un symptôme. Et comme tout symptôme, il mérite un traitement de fond.
L’école du parti n’est pas une idée archaïque. Elle fut, dans les années 60 à 80, le pilier des grandes formations politiques comme le Parti Socialiste. Sous Senghor et Diouf, cette école a formé des cadres loyaux, compétents et alignés sur les idéaux du parti. Elle a permis au PS de gouverner pendant 40 ans avec une certaine stabilité idéologique.
Le PASTEF, qui revendique une vision claire, une ambition pour le pays et un projet panafricain, ne peut pas se permettre de laisser ses leaders et militants livrés à eux-mêmes sur les plans doctrinal, politique et stratégique. Former, encadrer, transmettre, voilà les clés pour bâtir l’unité et éviter que le pouvoir n’altère les repères éthiques et les responsabilités collectives.
Le PDS, l’APR, et bien d’autres partis ont souffert, voire sombré, en raison de leur absence de structuration doctrinale. Quand l’élan populaire ne suffit plus, il faut des cadres solides pour porter la vision. Une école du parti pour le PASTEF pourrait combler cette lacune, comme le fit autrefois le PS. Ce serait aussi un signal fort de maturité politique et de respect envers les électeurs.
Les tensions entre figures du parti, comme celles récemment observées avec Guy Marius Sagna, doivent être traitées avec responsabilité. Ce n’est pas la voix du peuple qu’il faut faire taire, mais celle du désordre et de l’égocentrisme. Le leadership impose l’humilité, le dialogue et la concentration sur l’essentiel : servir les populations, comme celles de Ziguinchor qui attendent encore des résultats concrets.
Le PASTEF est une formidable aventure citoyenne. Mais sans formation politique sérieuse, sans cadre de réflexion partagé, il risque de se perdre dans les querelles intestines. Il ne s’agit pas de réinventer la roue, mais de réparer le véhicule et de lui donner les moyens de rouler loin. C’est pourquoi nous appelons à la création immédiate d’une école du parti, ouverte, inclusive, ancrée dans les valeurs du parti mais tournée vers l’avenir.
Pastefiens, formez-vous, unissez-vous, et rappelez-vous : on ne construit pas une nation avec des egos, mais avec des idées.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Charles Coly.
Mis en ligne : 23/06/2025
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