Rapatriement tardif des sénégalais : Un échec diplomatique à corriger - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Emmanuel | Publié le 23/06/2025 03:06:10

Rapatriement tardif des sénégalais : Un échec diplomatique à corriger

Alors que le conflit israélo-iranien s’intensifie dangereusement, mettant en péril la vie de nombreuses personnes dans la région, la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Yacine Fall, a annoncé le début du rapatriement des ressortissants sénégalais bloqués dans les zones concernées. Si cette annonce peut sembler rassurante à première vue, elle met surtout en lumière le rapatriement tardif des Sénégalais, révélateur d’un échec manifeste de la diplomatie sénégalaise, incapable d’anticiper et de protéger efficacement ses citoyens face à une crise internationale d’une telle ampleur.

La situation géopolitique au Moyen-Orient s’est considérablement détériorée avec l’escalade militaire entre Israël et l’Iran, notamment marquée par des frappes aériennes, des tensions nucléaires latentes et une fermeture progressive des frontières.

Dans ce climat de terreur, de nombreux pays ont immédiatement pris des mesures décisives pour exfiltrer leurs ressortissants. La rapidité d’action diplomatique est ici un impératif, non une option. Or, le Sénégal semble avoir été pris de court, agissant dans la précipitation et le désordre.

Selon les informations fournies par la ministre Fall, les Sénégalais identifiés ont été évacués de l’Iran par voie terrestre jusqu’en Turquie, en raison de la fermeture de l’espace aérien iranien. Cette stratégie, bien qu’imposée par les circonstances, trahit surtout une absence de plan d’urgence anticipé. Pire encore, elle témoigne d’un manque de coordination logistique et d’un flou administratif sur le nombre exact de ressortissants concernés. Il a fallu attendre que la situation devienne « grave et intense » pour commencer à organiser le départ, comme si le ministère avait sous-estimé la gravité du conflit.

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En comparaison, des pays comme la France, l’Inde ou encore le Nigeria ont rapidement affrété des avions spéciaux ou négocié des corridors sécurisés avec des pays tiers pour assurer l’évacuation rapide et ordonnée de leurs concitoyens. Ces nations ont montré une proactivité et une maîtrise diplomatique qui font défaut au Sénégal. L’ambassade sénégalaise en Turquie n’est intervenue qu’en bout de chaîne, après un voyage éprouvant par voie terrestre, ce qui en dit long sur l’impréparation de notre dispositif consulaire.

Le rôle premier de toute diplomatie est la protection des citoyens à l’étranger, surtout en temps de crise. En n’ayant pas mis en place un mécanisme d’alerte précoce, une cellule de crise opérationnelle et une coordination logistique digne de ce nom, le Sénégal a failli à son devoir. Le fait que certains ressortissants aient dû attendre en Iran sous les bombes avant qu’un plan de secours ne soit envisagé est une honte.

La diplomatie sénégalaise doit cesser de fonctionner dans la réaction tardive et la gestion approximative. Une refonte des procédures d’urgence, la formation des agents consulaires à la gestion de crise, et un meilleur maillage diplomatique sont désormais indispensables. Les Sénégalais de la diaspora doivent pouvoir compter sur un État réactif, prévoyant, et digne de leur confiance.

Ce rapatriement tardif des sénégalais est le symptôme d’un système diplomatique défaillant. Le Sénégal ne peut plus se permettre de gérer ses citoyens à l’étranger avec autant d’improvisation. La sécurité de nos compatriotes ne doit plus dépendre de la chance, mais de l’efficacité.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moustapha Ciss.
Mis en ligne : 23/06/202
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