L’Afrique doit repenser ses villes : Embouteillages en série - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Environnement | Par Eva | Publié le 24/06/2025 12:06:20

L’Afrique doit repenser ses villes : Embouteillages en série

Le dernier rapport d’Alstom est sans appel : la congestion urbaine coûte chaque année 314 milliards de dollars à l’Afrique, soit l’équivalent de quatre fois le PIB de la Côte d’Ivoire. Ce chiffre astronomique n’est pas qu’un simple indicateur économique. Il révèle une réalité brutale : les grandes villes africaines paient au prix fort les conséquences d’une urbanisation non planifiée. Les gouvernements africains portent une lourde responsabilité dans cette crise par leur incapacité à anticiper, planifier et structurer le développement urbain.

Des capitales comme Abidjan, Lagos ou Dakar voient leur population exploser sans que les infrastructures ne suivent. Résultat : des embouteillages massifs, des transports publics dépassés, une pollution galopante, des pertes économiques abyssales, et un impact sanitaire grandissant. Cette situation n’est pas une fatalité, mais bien la conséquence directe de décennies d’improvisation urbanistique, où le bitume est posé après les bidonvilles, et où les schémas directeurs dorment dans les tiroirs des ministères.

L’exemple d’Abidjan est éloquent. L’extension des quartiers périphériques, sans cohérence avec les lieux de travail ou les axes de transport, provoque des déplacements pendulaires ingérables. Les habitants comme Awa, vendeuse au marché d’Adjamé, perdent des heures chaque jour dans un chaos routier devenu banal. Cette asphyxie est d’autant plus scandaleuse que les politiques publiques continuent de miser sur l’importation massive de véhicules, plutôt que sur des solutions collectives durables. Entre 2015 et 2018, l’Afrique a importé 5,6 millions de véhicules d’occasion. Une absurdité écologique et logistique.

Premièrement, les déséquilibres entre zones d’habitation et lieux d’activité témoignent d’un mépris flagrant pour les principes de mobilité urbaine. On construit, puis on réfléchit à comment y accéder. Ce modèle à l’envers est intenable.

Deuxièmement, le sous-investissement chronique dans les transports publics rend les alternatives quasi inexistantes. Un exemple ? Kinshasa, en 2018, comptait seulement 499 bus pour 10,6 millions d’habitants. Une caricature tragique d’un continent en décalage avec ses ambitions.

Troisièmement, les impacts sanitaires, souvent invisibles, sont pourtant alarmants. Stress, maladies respiratoires, troubles musculo-squelettiques : les villes deviennent des pièges pour leurs propres citoyens.

Enfin, la centralisation extrême des activités économiques dans les capitales aggrave le problème. Tant que tout est concentré à Dakar, Abidjan ou Kinshasa, les flux de déplacement resteront insoutenables.

L’Afrique n’est pas condamnée à l’immobilisme. Dakar, avec son BRT, Kigali et ses voitures électriques, ou encore Casablanca avec son tramway, montrent qu’une autre voie est possible. Addis-Abeba a doublé la vitesse des trajets grâce à son métro léger. Ce sont là des modèles concrets qui prouvent que volonté politique, planification intelligente et investissements ciblés peuvent renverser la tendance.

L’urbanisation sans plan est un poison lent. Elle tue la productivité, empoisonne l’air, détruit la santé mentale et mine les économies. Face à l’urgence, il ne suffit plus de poser quelques ponts ou de lancer des projets vitrines. Il faut repenser la ville dans son intégralité : déconcentrer les fonctions économiques, densifier intelligemment, investir massivement dans des transports publics efficaces et écologiques. Il faut finir avec le bricolage urbain. Car une ville qui ne circule plus, c’est un pays qui stagne.

Il faut des plans d’aménagement cohérents, pas des rustines sur des routes embouteillées. Les citoyens africains doivent demander des comptes. Ce n’est pas seulement une question de trafic. C’est une question de justice sociale, de santé publique et d’avenir.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Déguène Mbow.
Mis en ligne : 24/06/202
5

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

2 commentaires
Mimi
parlé c'est facil m'ais l'aplication qui cause probléme
Le 2025-06-24 12:59:08
Diallo
une seule solution jetter tout les tas de ferailles dattant depuis le colon en mer Ndiaga Ndiaye 7 Places ...
Le 2025-06-24 12:42:07

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

2 commentaires
Mimi
parlé c'est facil m'ais l'aplication qui cause probléme
Le 2025-06-24 12:59:08
Diallo
une seule solution jetter tout les tas de ferailles dattant depuis le colon en mer Ndiaga Ndiaye 7 Places ...
Le 2025-06-24 12:42:07

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top