L’annonce de Donald Trump sur un « cessez-le-feu total de 12 heures » entre Israël et l’Iran, dans la nuit du 23 au 24 juin, pourrait à première vue sembler une avancée positive vers la paix. Pourtant, derrière cette façade diplomatique, c’est une réalité bien plus sombre qui se dessine pour des économies fragiles comme celle du Sénégal, notamment pour le pétrole sénégalais, dont la stabilité pourrait être sérieusement compromise.
Malgré la baisse temporaire des tensions, les conséquences économiques déjà enclenchées persistent, et le risque de déstabilisation reste palpable. Ce cessez-le-feu apparaît donc moins comme une solution durable que comme une mesure cosmétique, laissant en suspens des enjeux économiques critiques pour les pays du Sud.
Depuis onze jours, les affrontements entre Israël et l’Iran avaient placé le Moyen-Orient au bord de l’embrasement. En réponse aux frappes américaines, l’Iran menaçait de fermer le détroit d’Ormuz, un passage stratégique par lequel transite près d’un tiers du pétrole mondial. Le Parlement iranien a même voté sa fermeture, en attente de ratification par le Conseil de sécurité national. Si ce scénario se concrétisait, les conséquences seraient catastrophiques : flambée des prix de l’énergie, perturbation du commerce international, insécurité énergétique.
Le pétrole sénégalais, n’est pas à l’abri. Selon l’économiste de l’énergie Ibnou Sougoufara, le pays pourrait subir une hausse importante des prix des denrées de première nécessité, du fait de l’augmentation du coût du transport et de l’énergie importée. Le déficit commercial, déjà préoccupant, en serait aggravé. La promesse d’un « second pied » grâce à la production nationale de pétrole reste, à ce stade, largement théorique. Les bénéfices issus du « profit oil » sont à moyen terme et dépendent d’un environnement fiscal et contractuel stable, ce qui n’est pas garanti dans une économie vulnérable aux chocs externes.
Cette situation met crûment en lumière l’asymétrie du pouvoir mondial. Les décisions des grandes puissances, comme les frappes militaires des États-Unis contre l’Iran, sont prises sans considération pour leurs conséquences globales, créant un effet domino dévastateur sur des nations démunies, dont le Sénégal. En quelques jours, le prix du baril de Brent a bondi à 81 dollars, avec un risque d’atteindre 90 dollars si le détroit d’Ormuz venait à être fermé. Un tel scénario, dramatique même pour les économies industrialisées, serait catastrophique pour des pays à revenu intermédiaire comme le Sénégal, mettant particulièrement en péril le pétrole sénégalais et les perspectives économiques qui en dépendent.
L’Afrique, à l’image du Sénégal, paie toujours le prix fort des bouleversements géopolitiques qui ne la concernent pourtant que très indirectement. L’exemple de la guerre en Ukraine, qui a déjà fortement contribué à l’inflation alimentaire et énergétique sur le continent, devrait nous alerter sur la répétition de ces schémas destructeurs. Ces conflits provoqués par les ambitions hégémoniques de certains États plongent des millions de personnes dans la précarité, sans qu’aucun mécanisme de compensation ne soit prévu.
Le cessez-le-feu annoncé par Donald Trump ne saurait être salué tant qu’il ne s’inscrit pas dans une dynamique de paix durable, respectueuse de l’équilibre économique mondial. Le Sénégal, comme d’autres pays du Sud, mérite plus que des trêves de façade : il lui faut une stabilité structurelle du marché énergétique et une place réelle dans les négociations internationales.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ahmadou Sy
Mis en ligne : 24/06/2025
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