La « Une » des journaux africains du mercredi 25 juin 2025 - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Maimouna | Publié le 25/06/2025 09:06:30

La « Une » des journaux africains du mercredi 25 juin 2025

En Guinée, l’indignation est à son comble après l’enlèvement brutal et les sévices infligés à Me Mohamed Traoré, avocat respecté et ancien bâtonnier, critique assumé de la junte au pouvoir. Le drame s’est noué dans la nuit du vendredi 20 au samedi 21 juin à Sonfonia, un quartier populaire de la banlieue est de Conakry.

Des hommes encagoulés, entre cinq et sept selon les sources, ont fait irruption au domicile de l’avocat avant de l’arracher à ses proches sous la violence.

Selon les informations recueillies par Jeune Afrique, Me Traoré et sa fille aînée, qui tentait de s’interposer, ont été giflés avant que l’avocat ne soit embarqué de force vers une destination inconnue. Ce n’est que plusieurs heures plus tard qu’il sera retrouvé inconscient, à quelque 70 kilomètres de la capitale. Il présentait de multiples plaies au dos, conséquence d’une flagellation barbare dont le caractère méthodique glace : « Le chef présumé de l’opération avait donné l’ordre de ne pas arrêter avant 500 coups », précise Jeune Afrique.

Pourquoi une telle violence contre une figure du barreau ? Me Traoré avait multiplié les critiques à l’encontre du régime du général Mamadi Doumbouya. Il avait notamment quitté le Conseil national de transition, dénonçant le non-respect du délai fixé par la CEDEAO pour le retour à un pouvoir civil, et s’était opposé publiquement à la mise en place d’une Direction générale des élections en lieu et place de la Commission électorale indépendante.

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Dans un premier message relayé après son calvaire, l’avocat reste digne : « Je vais faire une pause, par respect pour ma famille et mes amis… Ceux qui veulent me faire taire diront sûrement : “Voilà, il a compris l’avertissement.” Mais je les laisse dans leurs illusions. »

Depuis l’annonce de l’agression, les condamnations pleuvent. Le barreau de Guinée, par la voix d’un communiqué relayé par Le Lynx, parle d’un « acte ignoble » qui « jette une ombre sur la crédibilité de l’État de droit en Guinée » et exige que « toute la lumière soit faite sur les auteurs, exécutants, complices et commanditaires ».

La Conférence des barreaux de l’UEMOA ne mâche pas ses mots non plus : « Quand les avocats sont attaqués, c’est la justice qui est en danger. »

Du côté de l’opposition, le ton est alarmiste. « Jusqu’à quand allons-nous rester silencieux pendant que cette junte écrase les libertés, viole les lois et fait taire toute voix dissonante, y compris par la disparition forcée ? » interroge Cellou Dalein Diallo, exilé, dans une déclaration reprise par Guinée Live.

Même son de cloche du côté d’Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le progrès et le changement : « Toutes les voix dissonantes sont en train d’être supprimées. » Il fait ainsi écho aux nombreuses disparitions inquiétantes de ces derniers mois, parmi lesquelles celles des activistes Foniké Menguè, Mamadou Billo Bah, du journaliste Habib Marouane Camara ou encore de l’ex-secrétaire général au ministère des Mines, Saadou Nimaga.

Pour les défenseurs des droits humains, ces actes ne sont plus de simples dérapages. Alseny Sall, membre de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme, interrogé par Ledjely, évoque « une stratégie bien orchestrée visant à faire taire les voix dissidentes » : « Le point commun de la plupart de ces victimes, dit-il, c’est leur engagement pour la démocratie. Ce n’est pas anodin. »

Ce climat oppressant tranche avec les discours officiels. Le 18 juin, en visite à Abidjan, le général Doumbouya déclarait : « La stabilité politique est la pierre angulaire de tout développement durable. »

Or, cette stabilité semble de plus en plus compromise. La Guinée s’achemine vers des élections législatives et présidentielles prévues en fin d’année. Mais d’ici là, un référendum constitutionnel doit être organisé en septembre. Un projet de Constitution vient d’être adopté : il pourrait ouvrir la voie à une suppression de la limitation des mandats présidentiels.

De quoi faire craindre une dérive autoritaire. Une question hante désormais les esprits, posée sans détour par Jeune Afrique : « Mamadi Doumbouya s’ouvre-t-il la voie à une présidence à vie ? »

Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 25/06/2025

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