Ce mercredi, le Premier ministre Ousmane Sonko a pris part au Forum d’été de Davos, tenu en Chine. À la tribune, il a livré un discours axé sur la situation économique du Sénégal, insistant particulièrement sur les résultats d’un audit des finances publiques commandité à l’arrivée du nouveau régime. Tout en soulignant les fautes présumées sous Macky Sall, Sonko a répété sa volonté de dire « la vérité » et de demander des comptes aux anciens dirigeants.
Mais derrière ce ton moralisateur, une vérité persiste : le Premier ministre préfère s’attarder sur les décombres du passé plutôt que de bâtir l’avenir avec des propositions concrètes.
Oui, un audit était inévitable. Oui, il est essentiel de comprendre l’héritage laissé par le régime précédent. Mais la politique ne peut pas se résumer à des dénonciations sans fin. Le peuple sénégalais n’a pas élu Ousmane Sonko uniquement pour qu’il mène des procès publics à l’international, mais pour qu’il améliore leur quotidien.
Or, Ousmane Sonko au Forum d’été de Davos n’a rien offert de tel. Sur cette scène mondiale, aucune mesure forte n’a été annoncée, aucune stratégie économique n’a été présentée, aucun cap rassurant n’a été fixé. À la place, encore et toujours, le récit du passé, les fautes des autres, et une promesse vague de vérité. Pendant ce temps, les Sénégalais attendent des solutions. Pas des discours.
Depuis sa prise de fonctions, Sonko se présente en chantre de la rupture, du redressement moral et de la transparence. Des principes louables, certes. Mais lorsqu’ils deviennent des slogans vides, ils finissent par lasser. À Davos, on aurait pu espérer des annonces sur la réindustrialisation, la modernisation de l’agriculture, ou un plan de soutien à la jeunesse. À la place, le Premier ministre s’est contenté de redire que « l’audit est inquiétant » et que « les anciens doivent rendre des comptes ». Cela suffit-il à rassurer les investisseurs ou à stimuler la croissance ? Clairement non.
En plaçant systématiquement la faute sur le régime précédent, Ousmane Sonko glisse vers une posture de victimisation politique. Une posture qui, si elle continue, risque d’éroder rapidement sa crédibilité. Car les défis auxquels fait face le Sénégal, dette publique élevée, chômage structurel, instabilité alimentaire, ne peuvent être résolus par des constats, aussi alarmants soient-ils. Les Sénégalais attendent des réformes visibles, des plans d’action efficaces, pas des rappels à la barre.
Prenons l’exemple du Ghana ou du Rwanda. Face à des passifs lourds, ces pays ont choisi d’articuler leur discours autour des solutions. Ils ont su allier la dénonciation de certaines pratiques avec une projection résolue vers l’avenir, en s’appuyant sur des politiques d’innovation, d’inclusion numérique ou de réforme éducative. Où sont les équivalents concrets dans le discours de Sonko ? Ils brillent par leur absence.
Le Sénégal traverse une période critique où chaque mot prononcé sur la scène internationale peut impacter sa réputation, son attractivité et sa stabilité. Ce n’est plus le moment de faire le procès des anciens, mais celui de construire des réponses durables. Ousmane Sonko gagnerait en stature s’il sortait de la posture de l’accusateur pour endosser pleinement celle de bâtisseur.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mourtala Dione
Mis en ligne : 25/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.