L’arrestation de Bachir Fofana et la fermeture des locaux du CORED ont récemment été dénoncées par le député Pape Djibril Fall, qui y voit une « énième atteinte à la liberté de nos concitoyens ». Dans une déclaration chargée de pathos et de relents populistes, il dénonce un supposé abus de pouvoir et une démocratie en péril. Mais que cache cette indignation soudaine, sinon une tentative de récupération politique masquant des postures dangereuses ?
La démocratie sénégalaise traverse une phase de transition complexe, marquée par l’ambition de rupture affichée par les nouvelles autorités. Dans ce processus, la liberté d’expression demeure un pilier essentiel. Mais la confusion entre cette liberté et l’impunité totale semble devenue un sport national, alimentée par certains acteurs politiques qui brandissent la Constitution dès qu’ils sont appelés à répondre de leurs actes.
Bachir Fofana n’est pas poursuivi pour avoir « donné son opinion », mais pour avoir franchi les bornes de l’insulte publique, diffamé des institutions de la République, et jeté gratuitement l’opprobre sur des figures nationales. Quant au CORED, sa fermeture n’est pas le fruit d’une volonté répressive de l’État, mais d’une faillite interne, assumée par ses dirigeants eux-mêmes. Dire le contraire relève du mensonge pur et simple.
Le discours de Pape Djibril Fall s’inscrit dans une stratégie bien rodée : faire de tout contrevenant à la loi un martyr, et de toute décision judiciaire, une attaque contre la démocratie. Mais une République solide ne se construit pas sur l’émotion, ni sur l’anarchie. Ce n’est pas défendre la liberté que de blanchir les propos haineux, les attaques personnelles, ou les appels à la défiance sans fondement.
Quand on en vient à défendre ceux qui insultent les institutions, qui dénigrent sans preuve et qui se réfugient ensuite dans la posture victimaire, il faut avoir le courage de dire qu’on ne défend pas la liberté d’expression, mais l’irrespect. La République est une maison de règles, et la liberté d’expression y est encadrée, non pour la brider, mais pour la préserver du chaos.
Il est ironique de voir certains anciens soutiens d’un régime qui a systématiquement étranglé la presse, muselé les opposants et emprisonné à tour de bras, se poser aujourd’hui en défenseurs des libertés. Où étaient-ils quand des journalistes comme Pape Alé Niang ou Adama Gaye étaient harcelés judiciairement ? Pourquoi ce silence complice hier, et ce vacarme soudain aujourd’hui ?
En France, en Allemagne ou même aux États-Unis, toute personne accusée de diffamation, même médiatique, répond devant la justice. C’est la règle. Pourquoi en serait-il autrement au Sénégal ?
Le Sénégal a besoin d’un débat public sain, vigoureux, mais responsable. Il ne peut plus se permettre de tolérer des provocateurs dont l’unique vocation est de semer le trouble en prétendant défendre la démocratie. À ceux qui confondent franc-parler avec vulgarité, et liberté avec impunité, la réponse doit être claire : la République ne se laissera pas déstabiliser.
Notre pays avance, avec ou sans ceux qui confondent parole libre et verbe irresponsable. À ceux qui prétendent incarner le peuple, qu’ils commencent par respecter les institutions qu’ils prétendent défendre. La liberté d’expression est précieuse, ne la galvaudons pas.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Momar Ndiaye.
Mis en ligne : 26/06/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.