Un cessez-le-feu fragile s’est imposé entre l’Iran et Israël après douze jours d’un affrontement direct, inédit par son intensité et ses implications géopolitiques. L’éditorial du Monde résume l’état d’esprit général : « un cessez-le-feu et des interrogations ».
Si la supériorité militaire israélienne ne fait guère de doute, les dégâts réels infligés au programme nucléaire iranien restent flous. Plus encore : les conséquences sur la stabilité du régime iranien sont aujourd’hui au cœur de toutes les spéculations.
Le quotidien parisien tire un parallèle glaçant avec l’Irak des années 1990. Après la défaite de Saddam Hussein au Koweït, le pays avait sombré dans une décennie de répression, de sanctions et de souffrances. Douze ans plus tard, l’invasion américaine provoquait la chute du dictateur… et ouvrait la voie à une nouvelle décennie sanglante. Le Monde met en garde : si la République islamique, déjà aux abois, se sent acculée par cette démonstration de force israélienne, « les premiers à en payer le prix seront, comme toujours, les Iraniens eux-mêmes ».
À Londres, The Guardian confirme les pires craintes : « la répression sécuritaire intérieure s’intensifie », avec arrestations massives, exécutions et déploiements militaires, notamment au Kurdistan iranien. Le régime redouble de férocité. Selon l’Organisation iranienne de défense des droits humains, 705 personnes ont été arrêtées pour des raisons politiques ou sécuritaires depuis le début du conflit. Trois d’entre elles ont été exécutées lundi à Ourmia. Elles étaient kurdes, selon l’association Hengaw.
Dans les milieux d’opposition, certains espéraient qu’une telle offensive israélienne ébranlerait suffisamment les piliers du régime pour déclencher un soulèvement. Il n’en est rien, pour l’instant. Aucun mouvement de protestation d’ampleur ne s’est manifesté. La peur, semble-t-il, l’emporte sur la colère.
Aux États-Unis, le New York Times s’interroge sur le silence pesant du guide suprême, Ali Khamenei. Invisible depuis plus d’une semaine, il se serait réfugié dans un bunker au plus fort des frappes, coupé de tout contact électronique. Depuis, aucune apparition publique, pas même une déclaration enregistrée. Un mutisme qui alimente les spéculations : supervise-t-il encore le pouvoir ? Est-il malade ? Blessé ? Ou pire ?
Dans ce flou, une autre faction semble émerger : celle du président réformateur Pezeshkian, qui milite pour un retour à la table des négociations avec Washington. L’absence de Khamenei pourrait-elle ouvrir la voie à un changement de cap diplomatique ? La question reste en suspens.
Pendant ce temps, l’onde de choc atteint l’Europe, où le sommet de l’OTAN, tenu hier aux Pays-Bas, a tourné à la démonstration de force du président américain Donald Trump. À Madrid, El Pais parle d’une « OTAN taillée sur mesure pour Trump ». À la clef : un engagement massif des pays membres à consacrer 5 % de leur PIB à la défense sur dix ans, comme l’exigeait le locataire de la Maison Blanche. Et cela, au détriment d’une réponse commune à la menace russe, grande absente des débats.
À Rome, La Repubblica décode la stratégie : « Trump ne cherche pas à défendre l’Europe, mais à maximiser les gains économiques américains. » Objectifs : rétablir des affaires avec la Russie, renforcer les liens commerciaux avec les monarchies du Golfe, et contenir la Chine sur tous les fronts.
Enfin, à Bruxelles, Le Soir ironise : « Ce n’est plus Trump, c’est Supertrump ! » Un cessez-le-feu au Moyen-Orient, un OTAN redirigé selon ses intérêts, les ressources stratégiques d’Ukraine en partie sous influence américaine… Sur le papier, l’ancien président, aujourd’hui candidat à sa réélection, semble transformer chaque sommet international en opération de campagne.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 26/06/2025
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