Le Sénégal est en pleine mutation urbaine. Le taux d’urbanisation est passé de 23 % en 1960 à 47,8 % en 2023, traduisant une évolution rapide et continue. Aujourd’hui, près de la moitié de la population sénégalaise vit en zone urbaine. Cette dynamique, portée par une forte pression démographique, est particulièrement visible dans la capitale. L’urbanisation accélérée à Dakar illustre les tensions croissantes entre croissance urbaine et planification territoriale.
Cette expansion effrénée s’accompagne d’une prolifération de constructions souvent réalisées sans vision d’ensemble ni encadrement technique. Dans plusieurs zones de Dakar, l’urbanisation accélérée a provoqué une imperméabilisation des sols supérieure à 90 %, altérant la capacité du terrain à absorber les eaux pluviales et aggravant les risques d’inondation.
Une étude du projet PGIIS2, conduite par la Direction de la Prévention et de la Gestion des Inondations, a mis en évidence la vulnérabilité de 29 localités, majoritairement situées en périphérie de Dakar. À Pikine, 16 % des surfaces sont à risque, contre 7 % à Guédiawaye. Dans les zones où la pauvreté domine, les habitations précaires sont les premières victimes de cette urbanisation accélérée à Dakar, souvent déconnectée des normes de résilience urbaine.
Cette urbanisation non maîtrisée creuse aussi les inégalités territoriales. Tandis que certains quartiers bénéficient d’un aménagement planifié, d’autres, souvent issus de l’habitat spontané, concentrent près de 40 % du parc de logements national. Ces zones sont en général mal desservies par les services de base : assainissement, électricité, transports publics.
Les conséquences environnementales sont également préoccupantes. L’urbanisation accélérée à Dakar entraîne la disparition progressive des zones humides, la fragmentation des écosystèmes et une hausse des températures urbaines. Combinée à des infrastructures fragiles et à une pluviométrie de plus en plus imprévisible, cette situation accroît la vulnérabilité des populations face aux effets du changement climatique.
Sur le plan institutionnel, les outils de planification restent largement insuffisants. Moins de 20 % des communes disposent de documents d’aménagement actualisés et utilisables. Le manque de coordination entre l’État et les collectivités territoriales, doublé d’un déficit de moyens humains et financiers, freine l’émergence d’une véritable politique urbaine durable.
Face à cette réalité, il devient impératif de changer de cap. La question n’est plus de savoir s’il faut construire, mais comment construire intelligemment. Repenser les modes de développement, intégrer les espaces verts, favoriser la densification raisonnée et reconnecter les fonctions urbaines sont autant de priorités pour sortir du modèle de l’étalement incontrôlé. L’urbanisation accélérée à Dakar ne doit plus être subie, mais encadrée, planifiée et maîtrisée.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 26/06/2025
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