Ce jeudi 26 juin, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) se réunit au palais de la République, sous la présidence du chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye. Selon Le Témoin, des nominations dans les cours et tribunaux de Dakar, Thiès, Saint-Louis et Tambacounda seront entérinées sur proposition du ministre de la Justice, Ousmane Diagne.
Si l’événement semble de routine, il soulève de sérieuses inquiétudes quant à la transparence, l’indépendance et la légitimité de notre système judiciaire.
Le Sénégal traverse une phase de recomposition institutionnelle majeure, marquée par des attentes élevées en matière de rupture, de transparence et de gouvernance démocratique. Dans ce climat, chaque décision portant sur les rouages de la justice devrait être exemplaire, surtout venant d’un président élu sur la promesse d’un renouveau éthique. Pourtant, ces nominations au Conseil supérieur de la magistrature, décidées sans consultation publique ni critères de sélection rendus accessibles, rappellent tristement les pratiques du passé.
Alors que l’opinion espérait une refonte des procédures de nomination dans la magistrature, la réunion du Conseil supérieur de la magistrature perpétue un modèle où le pouvoir exécutif concentre une influence décisive sur les carrières judiciaires. Le simple fait que ces décisions soient prises au Palais présidentiel, dans un cadre fermé, montre que l’indépendance de la justice reste un idéal lointain. Comment croire en la neutralité d’une magistrature nommée sous l’impulsion d’un ministre et validée par le président, sans mécanisme de contrôle citoyen ou parlementaire ?
L’histoire sénégalaise regorge de nominations judiciaires contestées qui ont miné la crédibilité de l’appareil judiciaire. De nombreux cas, affaires non résolues, classements sans suite, pressions politiques, ont nourri un sentiment d’impunité et d’injustice chez les citoyens. Ces nouvelles nominations, sans information sur les profils, l’expérience ou l’indépendance des nommés, ne feront que raviver ce malaise.
Des pays comme le Ghana ou le Cap-Vert ont mis en place des processus transparents de nomination des magistrats, avec appels à candidatures publics, auditions ouvertes et comités indépendants. Ces initiatives ont contribué à renforcer la confiance des citoyens dans leur justice. Pourquoi le Sénégal n’emprunte-t-il pas cette voie vertueuse ?
Restaurer la confiance dans la justice ne peut se faire sans des mesures fortes : audits indépendants des parcours des candidats à la nomination, publication des critères de sélection, implication de la société civile, et évaluation régulière des magistrats en poste. La démocratie ne se renforce pas dans les salons feutrés du palais, mais dans la clarté des procédures et le respect du droit.
Ce qui aurait pu être une occasion d’instaurer une rupture avec les pratiques anciennes devient, hélas, un rappel des dérives du passé. Si le président Faye veut rester fidèle à ses engagements de transparence et de changement, il doit revoir le processus de nomination dans la magistrature. En confisquant le pouvoir judiciaire à travers des nominations peu claires, l’État compromet la confiance du peuple.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Soda Maréme.
Mis en ligne : 26/06/2025
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