2021 se répète : La violence policière, une constante au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Maimouna | Publié le 27/06/2025 01:06:00

2021 se répète : La violence policière, une constante au Sénégal

Ce lundi 23 juin 2025, les candidats au permis de conduire rassemblés derrière le stade Léopold-Sédar-Senghor ont inhalé non pas l’odeur de l’asphalte neuf, mais celle âcre du gaz lacrymogène. La police a dispersé candidats et moniteurs sans sommations claires, interrompant l’examen dans un chaos sidérant. Cette opération est une énième démonstration d’une violence policière systémique que les autorités sénégalaises refusent d’enrayer.

Revenons quatre ans en arrière. En mars 2021, l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko déclenchait cinq jours d’émeutes ; treize morts officiels, des centaines de blessés, et une population traumatisée, le tout arrosé de gaz et de balles en caoutchouc. Aujourd’hui, alors qu’un gouvernement « nouveau » promettait la rupture, les mêmes méthodes refont surface : tirer du gaz pour régler un simple litige logistique entre auto-écoles et administration. Rien n’a changé, sinon la date.

L’intervention de lundi n’était pas une bavure isolée ; c’est un réflexe d’État. Qu’un examen de conduite devienne théâtre d’opérations prouve que, dans la grille de lecture sécuritaire des autorités, tout rassemblement civil est une menace potentielle. La logique de 2021 s’invite désormais dans la vie quotidienne : même sans slogans, même sans colères politiques, la population reste considérée comme un attroupement à dissiper plutôt qu’un groupe de citoyens à protéger.

Plus grave : la loi d’amnistie votée en 2024 pour « tourner la page » des violences 2021 a blanchi les commanditaires d’hier et envoyé un signal clair aux forces de l’ordre : l’impunité est garantie. Trois mois à peine après un rapport d’ONG recensant 65 morts liés aux violences politiques entre 2021 et 2024, aucune réforme sérieuse du maintien de l’ordre n’a vu le jour.

Répression banalisée : Employer des grenades lacrymogènes contre des candidats à un concours administratif montre que la violence est désormais l’outil par défaut, non l’ultime recours.

Absence de reddition de comptes : Depuis 2021, aucune enquête indépendante n’a abouti à des sanctions exemplaires. L’amnistie de 2024 neutralise tout espoir de justice.

Violation répétée des libertés civiles : Le droit de réunion pacifique est garanti par la Constitution. Pourtant, le moindre regroupement est dispersé au gaz, que ce soit des lycéens réclamant des bourses ou, aujourd’hui, de simples candidats au permis.

Dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Ghana ou le Cap-Vert, les forces de sécurité sont formées à la négociation, à la médiation, à la gestion calme des foules. Là-bas, l’idée même d’utiliser du gaz contre des candidats à un examen ferait scandale. Pourquoi ce qui est inacceptable ailleurs devient-il routine au Sénégal ?

La violence policière de ce 24 juin 2025 n’est pas un incident isolé. Elle s’inscrit dans la continuité d’une politique sécuritaire répressive, déconnectée des réalités citoyennes. Comme en 2021, l’État a choisi la force contre le dialogue, la peur contre la concertation. Il est plus qu’urgent que cela cesse. Car un pays qui gaze ses jeunes en quête d’avenir est un pays qui étouffe sa propre espérance.

Ce n’est pas aux citoyens de s’adapter à une police, mais à l’État de réformer de fond en comble ses pratiques sécuritaires. Les organisations de la société civile, les syndicats d’enseignants, les associations de jeunes doivent condamner fermement cette dérive. Et surtout, à exiger des comptes.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Sy.
Mis en ligne : 27/06/202
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