Blanchiment de la peau : La complicité des médias et influenceurs - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 27/06/2025 08:06:00

Blanchiment de la peau : La complicité des médias et influenceurs

Derrière le marketing clinquant des « crèmes éclaircissantes » se cache une industrie vorace qui prospère sur l’autodépréciation de millions de personnes. Le boom de la dépigmentation au Sénégal révèle une violence esthétique et sanitaire entretenue par les marques, les médias et les influenceurs.

Le marché mondial des produits éclaircissants pèse déjà quelque 8,8 milliards de dollars et devrait dépasser 15 milliards d’ici 2030. Au Sénégal, plus d’une femme sur deux blanchit sa peau, et ce taux grimpe jusqu’à 71 % dans certains quartiers urbains, faisant de la dépigmentation la première cause d’hospitalisation dermatologique. Pendant ce temps, l’Organisation mondiale de la santé rappelle que mercure et hydroquinone provoquent lésions cutanées, troubles rénaux et neurologiques.

Ce fléau prospère dans un « marché gris » mêlant boutiquiers de rue, e-commerce transfrontalier et réseaux sociaux. Les plates-formes vantent des produits illégaux bardés de mentions trompeuses comme “bio” ou “naturel”. En 2023, plus de 90 % des crèmes testées sur certains marchés africains dépassaient les seuils autorisés de mercure. TikTok, malgré des règles strictes en apparence, laisse circuler contrefaçons et pommades frelatées via son onglet Shop.

Collusion médiatique et influence toxique. En Afrique de l’Ouest, des célébrités monnayent leur teint “caramel” contre des partenariats publicitaires douteux. Le régulateur ghanéen a dû rappeler en 2023 aux présentateurs et influenceurs qu’ils risquaient jusqu’à quinze ans de prison pour publicité de produits non homologués. Au Sénégal, aucune mesure similaire ne régule les placements de produits blanchissants sur les réseaux sociaux.

Complicité des plateformes numériques. Meta interdit la promotion de crèmes “permanentes”, mais se contente d’un filtrage symbolique. Ces règles permettent la diffusion massive de produits blanchissants sous couvert de “soin de la peau”.

Campagnes de sensibilisation inefficaces. Les initiatives institutionnelles, comme « Ma peau, mon identité », restent confidentielles. Faute de relais dans les médias de masse ou les productions culturelles, elles peinent à contrer l’influence des contenus esthétisants.

Manque de représentations positives. Les standards visuels dominants dans les médias sénégalais et africains valorisent la peau claire comme critère de réussite ou de désirabilité. Les directeurs de casting, publicitaires et producteurs doivent être mis face à leur responsabilité dans cette standardisation dangereuse.

La Côte d’Ivoire et le Ghana ont interdit des substances éclaircissantes, sans pour autant enrayer la consommation. En l’absence d’une volonté politique ferme et d’un encadrement des plateformes, le commerce clandestin prospère. Ces exemples montrent que l’interdiction ne suffit pas : il faut s’attaquer à la racine culturelle du problème.

Il faut boycotter les produits blanchissants, mais aussi dénoncer les influenceurs et médias complices de cette violence symbolique. L’État sénégalais doit:

instaurer une cosmétovigilance dotée de laboratoires équipés et d’amendes dissuasives ;
bloquer les comptes, pubs et hashtags qui promeuvent le blanchiment ;
financer des campagnes culturelles récurrentes, portées par des icônes fières de leur peau noire

La dépigmentation n’est pas un simple choix esthétique : c’est le symptôme d’un racisme intériorisé et marchandisé. Refuser ces crèmes, c’est refuser l’héritage toxique d’un regard colonial qui persiste dans nos imaginaires. Il faut transformer cette honte apprise en fierté revendiquée.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 27/06/202
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