Diffamation, fausses nouvelles : Ces lois qui étouffent la liberté d’expression - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Maimouna | Publié le 27/06/2025 02:06:00

Diffamation, fausses nouvelles : Ces lois qui étouffent la liberté d’expression

Les arrestations récentes de Moustapha Diakhaté, d’Abdou Nguer et du journaliste Bachir Fofana, toutes fondées sur les articles 254 et 255 du Code pénal, montrent qu’en 2025 la liberté d’expression demeure sous respiration artificielle. L’abrogation de ces deux articles s’impose comme une nécessité pour promouvoir une opposition constructive, experte et respectueuse, seule capable de renforcer notre démocratie.

L’article 254 punit « l’offense au Président » de six mois à deux ans de prison et jusqu’à 1,5 million CFA d’amende ; l’article 255 réprime la « fausse nouvelle » d’une peine pouvant atteindre trois ans. Mal définis, ces délits offrent un vaste pouvoir discrétionnaire aux procureurs et servent trop souvent de bâillon politique. Diakhaté est incarcéré depuis seize jours pour un propos jugé offensant ; Nguer croupit en prison depuis plus de deux mois pour « fausse nouvelle » ; Fofana vient d’être interpellé à son tour.

Ces dispositions héritées de l’ère coloniale n’apportent aucune protection supplémentaire par rapport au droit civil de la diffamation ; elles produisent, au contraire, un effet de gel sur toutes les voix dissidentes. La société civile l’a compris : des ONG comme AfricTivistes réclament une réforme urgente. Or, l’histoire récente montre qu’une démocratie se consolide lorsque l’État accepte la critique plutôt que de la criminaliser.

L’exemple ghanéen : la suppression du délit de diffamation criminelle en 2001 a fait de ce pays une référence continentale en matière de liberté de la presse et de vitalité démocratique.

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La jurisprudence kenyane : en 2017, la Haute Cour a déclaré anticonstitutionnelle la criminalisation de la diffamation, soulignant le caractère disproportionné de la prison pour protéger la réputation.

Le précédent sierra-léonais : la loi de 1965 criminalisant la diffamation a été abrogée en 2020, ouvrant une nouvelle ère de gouvernance transparente.

Une opposition constructive existe déjà : Thierno Alassane Sall, Thierno Bocoum et le juge Ibrahima Hamidou Dème démontrent qu’il est possible de s’opposer avec rigueur technique, sans invective ni calomnie, et d’être entendus. Renforcer cette voie pacifique exige de lever l’épée de Damoclès judiciaire qui plane sur toute parole critique.

Dans ces trois pays, la dépénalisation n’a pas provoqué le chaos annoncé : les tribunaux civils et les instances de médiation suffisent à protéger la réputation des individus tandis que la presse devient plus professionnelle. Le Sénégal, qui aspire à demeurer un phare démocratique en Afrique de l’Ouest, ne peut rester à la traîne alors que ses voisins avancent.

Abroger les articles 254 et 255, ce n’est pas faire preuve de laxisme ; c’est faire preuve de courage politique. C’est rendre à la critique son rôle d’aiguillon, permettre aux opposants constructifs de contribuer à la construction nationale et rassurer chaque citoyen sur son droit fondamental à la parole. La démocratie sénégalaise a plus à gagner d’une parole libre que d’un silence muselé ; l’abrogation de ces articles doit devenir un symbole positif de notre maturité républicaine.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Sène.
Mis en ligne : 27/06/202
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nitou deug
kou wakh lou reuy nagua fékhé ba am ay preuves
Le 2025-06-29 16:47:52

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