C’est une Une qui glace le sang. Ce matin, le quotidien Libération titre en majuscules : « Gaza crie famine ». La photo qui l’accompagne est saisissante : une file interminable de civils marche dans la poussière, transportant sur leurs épaules des sacs de farine, le regard tendu, les traits tirés par la fatigue et l’angoisse.
La scène résume à elle seule l’état de détresse absolue dans lequel se trouve la population de Gaza, piégée entre la guerre, la faim et l’indifférence.
Malgré l’éclaircie diplomatique entre Israël et l’Iran, qui laisse entrevoir un possible dénouement militaire dans la région, la situation dans l’enclave palestinienne continue de se détériorer à un rythme tragique. Selon Libération, la distribution d’aide vire au chaos. Des dizaines de milliers de Gazaouis affluent vers les rares points de ravitaillement, souvent au péril de leur vie. Le quotidien français rapporte qu’au moins 500 personnes ont perdu la vie, abattues par des tirs israéliens ou écrasées dans des mouvements de foule.
L’aide humanitaire provient principalement de la Gaza Humanitarian Foundation, une organisation américaine aux sources de financement jugées opaques. Elle ne distribue les vivres que sur quatre sites dits « sécurisés », forçant des milliers de Palestiniens à entreprendre des marches longues et périlleuses. « Je porte un sac vide, mais il peut ne jamais se remplir. À tout moment, un missile peut tomber sur nous », témoigne Mustafa, habitant de Khan Younès. Omar, père de deux enfants, raconte avoir attendu plus de dix heures dans une file d’attente avant d’apprendre que les stocks étaient épuisés : « Je suis rentré les mains vides. »
En Espagne, la presse se fait également l’écho de la tragédie. Pour la première fois, le Premier ministre Pedro Sanchez a utilisé le terme de « génocide » pour qualifier la situation à Gaza, une prise de position que peu de dirigeants occidentaux osent encore adopter.
Le journal El País publie une interview choc de Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés. Sans détour, elle accuse : « Israël commet des crimes comme il respire », plaidant pour une condamnation internationale claire. Albanese ne se limite pas au gouvernement de Benyamin Netanyahou : « 80 % des Israéliens soutiennent le nettoyage ethnique des Palestiniens », avance-t-elle. Elle pointe également les responsabilités des entreprises espagnoles qui, selon elle, tirent profit de cette « économie du génocide » : médias, militaires, universités, tous complices d’un système d’apartheid fondé sur un capitalisme impitoyable.
De l’autre côté de la frontière, le quotidien Haaretz, critique du pouvoir, révèle un tournant dans l’opinion publique israélienne. Près des trois quarts des Israéliens soutiendraient un cessez-le-feu à Gaza, surtout si celui-ci permettait la libération des otages. Un chiffre révélateur d’une lassitude croissante, que traduit le témoignage bouleversant d’une mère sur Channel 12, dont le fils soldat a été tué cette semaine : « Tant de familles perdent leurs enfants… Nous devons arrêter ça. »
Haaretz adresse un message clair à Netanyahou : il doit capitaliser sur l’élan diplomatique amorcé avec l’Iran pour enfin clore le chapitre sanglant de Gaza. « L’histoire et l’humanité ne lui pardonneront pas s’il refuse cette opportunité », écrit le journal.
En revanche, The Jerusalem Post se félicite des gains militaires israéliens contre l’Iran, mettant en avant des évaluations internes selon lesquelles 2 500 missiles iraniens auraient été détruits, soit jusqu’à deux tiers de l’arsenal de Téhéran. Mais ce triomphalisme militaire sonne creux face au calvaire humanitaire qui continue de ravager la bande de Gaza.
Alors que le monde regarde ailleurs, Gaza meurt. La diplomatie s’agite, les alliances se recomposent, mais sur le terrain, la faim tue plus sûrement que les balles.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 27/06/2025
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