« Tu dis chercher un emploi, mais je vois que ça ne marche pas pour toi… » Cette interpellation brutale, mais lucide, met le doigt sur une réalité trop souvent éludée : le problème n’est pas seulement le manque d’opportunités, mais l’attentisme, le découragement et le refus d’affronter la dureté du marché de l’emploi. Osons dire ce que beaucoup taisent : la première cause du chômage individuel, c’est le renoncement.
Au troisième trimestre 2024, le taux de chômage élargi au Sénégal a atteint 20,3 %, et plus d’un jeune sur trois (34,1 %) est NEET, ni en emploi, ni en formation, ni à l’école. Dans le même temps, plus de 60 % des recrutements passent désormais par le digital ; les entreprises filtrent à travers LinkedIn, des ATS et des entretiens vidéo. Autrement dit, la place existe pour ceux qui maîtrisent ces nouveaux codes.
Oui, les recruteurs évitent parfois les mères célibataires. Oui, les coûts d’Internet pèsent. Mais restons honnêtes : un smartphone et 1 000 F CFA de data suffisent pour suivre un cours YouTube sur Excel ou Canva. Pendant que certains pleurent leur sort, d’autres cumulent micro-formations, bâtissent un portfolio sur Google Drive et répondent aux annonces moins de deux heures après leur publication. Sur le marché de l’emploi de 2025, la vitesse et l’aptitude à apprendre valent devise.
L’offre dépasse la demande qualifiée. Dans l’énergie, le numérique et l’agro-transformation, les employeurs annoncent 25 000 recrutements potentiels mais peinent à trouver des profils « opérationnels ».
Les compétences sont (quasi) gratuites. Le programme Force-N offre des certifications Coursera subventionnées ; Google Digital Garage ou FUN MOOC dispensent des modules complets sans débourser un franc.
La concurrence se forme ailleurs. Au Kenya, six diplômés sur dix restent au chômage faute de « soft skills » et de culture numérique, mais ceux qui pivotent vers le travail en ligne s’insèrent en quelques mois. Le même glissement pourrait vous sauver, si vous l’acceptiez.
Une enquête World Bank-People Daily révèle qu’un diplômé kényan met jusqu’à cinq ans à décrocher son premier poste salarié traditionnel, poussant les plus réactifs vers le freelancing digital. La leçon est claire : attendre un CDI parfait est illusoire ; diversifier ses sources de revenus est la nouvelle norme.
En Europe, 76 % des recruteurs automatisent la première sélection par algorithme ; envoyer un CV passe-partout revient donc à chuchoter dans un stade bondé. Au Sénégal, l’ATS se généralise : même combat, mêmes règles, mêmes perdants, ceux qui ne s’adaptent pas.
Parce que tu refuses de voir le marché de l’emploi tel qu’il est : brutal, méritocratique et numérique. Parce que tu confonds candidature et supplication. Parce que tu négocies tes contraintes personnelles au lieu de vendre des solutions professionnelles. Tant que tu justifieras l’inaction, tu prolongeras ta galère.
Le chômage conjoncturel est une réalité ; le chômage volontaire aussi. Ceux qui survivent sont ceux qui se forment, réseautent et persévèrent après cent refus. Les autres resteront invisibles, par choix.
Coupe Netflix, ouvre un MOOC, refais ton CV pour chaque annonce, publie ton expertise sur LinkedIn, décroche le téléphone. Rappelle-toi : une entreprise n’est pas une ONG. Prouve ta valeur, ou accepte d’être oublié.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anita Gueye.
Mis en ligne : 27/06/2025
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