« Deux ans à mentir à mes parents » : Le récit de Pape Moussa - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 28/06/2025 08:06:00

« Deux ans à mentir à mes parents » : Le récit de Pape Moussa

Je m’appelle Pape Moussa, j’ai 27 ans et je vis à Grand-Yoff. Pendant longtemps, je faisais croire à mes parents que je travaillais dans un bureau en centre-ville. Chaque matin, je mettais une chemise propre, je prenais mon sac et je sortais comme si j’étais un assistant administratif dans une entreprise.

Mais la vérité, c’est que j’étais serveur dans un petit restaurant aux Almadies. Ce n’était pas un métier honteux, mais je savais que mes parents ne l’auraient jamais accepté.

Chez nous, on a toujours valorisé les diplômes et les postes dans l’administration. Mon père rêvait que je sois inspecteur du Trésor ou, au moins, conseiller municipal. Mais après deux ans à courir derrière des concours et des stages non rémunérés, j’ai dû ouvrir les yeux. Il fallait bien que je vive. J’ai accepté ce travail de serveur. C’était modeste, mais ça payait mon loyer, mes repas et j’envoyais même un peu d’argent à la maison.

J’ai vécu dans une peur constante d’être découvert. À chaque client qui ressemblait de loin à un voisin ou un oncle, je me cachais en cuisine. Je refusais les appels vidéo et j’évitais les événements de famille. Mais ce job m’a appris la discipline, le respect du travail et surtout, il m’a rendu indépendant. C’est là-bas que j’ai appris à me débrouiller et à reprendre confiance en moi.

Article Similaire

Un jour, ma petite sœur est entrée dans le restaurant avec ses camarades de fac. Elle m’a vu, plateaux à la main, tablier noué. Elle n’a rien dit sur le coup. Le soir, elle m’a envoyé un message simple : « Je suis fière de toi, grand. » Ce jour-là, j’ai décidé de dire la vérité à mes parents. C’était difficile, mon père a gardé le silence plusieurs jours, mais ma mère m’a soutenu. Peu à peu, ils ont compris que le plus important, c’est que je me batte dignement.

Aujourd’hui, je travaille encore, mais je suis en train de monter mon propre projet : un fast-food sénégalais, à Grand-Yoff, avec des menus accessibles et une vraie hygiène. Si je partage mon histoire aujourd’hui, c’est pour dire à d’autres jeunes comme moi qu’il vaut mieux travailler humblement que de s’enliser dans les illusions. La dignité ne dépend pas de la chemise qu’on porte, mais de l’effort qu’on fait chaque jour pour avancer.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Moussa.
Mis en ligne : 28/06/202
5

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top