Pape Le meurtre odieux de Mamadou Samba Diallo, infirmier chef au poste de santé de Arafat, à Koungheul, constitue un choc terrible pour le secteur sanitaire sénégalais. Cet assassinat perpétré dans l’enceinte même d’un centre de santé par des individus armés, et la réaction ferme mais tardive du Syndicat Unique des Travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (SUTSAS), appellent à un constat alarmant : la sécurité des agents de santé au Sénégal est gravement compromise, et le gouvernement reste désespérément sourd face à cette urgence.
Le secteur de la santé au Sénégal, particulièrement dans les zones rurales et reculées comme Koungheul, est depuis longtemps confronté à de nombreuses difficultés : sous-effectif, manque de matériel, conditions de travail difficiles, et infrastructures insuffisantes. Ce contexte de pénurie et de précarité rend le travail des professionnels de santé extrêmement exigeant. Cependant, l’insécurité qui s’est brutalement invitée dans cet environnement déjà fragile est un facteur aggravant qui met en péril non seulement la vie des soignants, mais aussi la continuité des soins aux populations les plus vulnérables.
Le meurtre de Mamadou Samba Diallo n’est pas un incident isolé, mais l’expression tragique d’une tendance inquiétante : la multiplication des agressions, parfois physiques, parfois verbales, à l’encontre des agents de santé. Le SUTSAS dénonce depuis plusieurs années cette recrudescence, appelant à des mesures de sécurisation, sans qu’aucune réponse concrète ne soit apportée par les autorités. Pire encore, l’absence de protection expose les soignants à un risque permanent, avec un sentiment d’abandon qui mine leur motivation et leur engagement.
L’annonce d’une « journée noire » et d’une grève régionale montre la gravité de la situation, mais ce genre de mesures ne devrait pas être nécessaire si le gouvernement jouait pleinement son rôle. Il s’agit d’une défaillance institutionnelle majeure : la sécurité des agents de santé est une obligation fondamentale, au même titre que leur formation ou leur rémunération.
Premièrement, la négligence sécuritaire décourage clairement les jeunes diplômés de rejoindre ou de rester dans le secteur public, notamment dans les zones rurales où le besoin est pourtant le plus criant. Cette fuite des talents aggrave la désertification médicale et hypothèque l’accès aux soins pour des millions de Sénégalais.
Deuxièmement, l’absence de protection expose non seulement les soignants à des risques physiques, mais également à un stress psychologique considérable, avec des conséquences directes sur la qualité des soins prodigués.
Enfin, cette situation crée un précédent dangereux où la violence pourrait devenir un mode d’expression face aux frustrations sociales, renforçant un cercle vicieux d’insécurité qui finit par contaminer toute la société.
À l’international, des pays confrontés à des violences envers le personnel de santé ont souvent mis en place des mesures de sécurité strictes, notamment en Afrique du Sud ou au Nigéria, où des patrouilles régulières, l’installation de caméras et des partenariats avec les forces de l’ordre ont été adoptés pour protéger les centres médicaux.
Au Sénégal, l’inaction contraste fortement avec ces initiatives, témoignant d’un manque de volonté politique. Cette passivité est d’autant plus insupportable que la sécurité est un droit fondamental et que le secteur de la santé est stratégique pour le développement du pays.
Le meurtre de Mamadou Samba Diallo est un cri d’alarme que le gouvernement ne peut plus ignorer. La sécurité des professionnels de santé doit être une priorité nationale, avec des mesures concrètes, rapides et durables. Il est urgent d’instaurer un cadre protecteur pour ces héros silencieux, au risque de voir le système de santé s’effondrer par découragement et épuisement.
Je lance un appel ferme au gouvernement : cessez votre inertie coupable ! Protégez nos soignants, sécurisez les postes de santé, sanctionnez les agresseurs, et engagez un dialogue sincère avec les syndicats. Le temps des demi-mesures est révolu.
Faute d’action, d’autres Mamadou Samba Diallo tomberont, et ce seront des pans entiers de notre système sanitaire qui s’effondreront, au détriment des populations qui comptent sur eux. Le droit à la santé commence par le droit à la sécurité des soignants. Le combat est lancé.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamour Ndiaye.
Mis en ligne : 28/06/2025
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