La semaine dernière, à La Haye, les 32 États membres de l’OTAN ont entériné une hausse vertigineuse de leurs budgets militaires : 5 % du PIB d’ici 2035, sous la pression directe de Donald Trump et de ses menaces de retrait d’appui américain. Dans un communiqué parallèle, Amnesty International les exhortait à ne pas sacrifier les droits humains sur l’autel de la défense. Cette résolution n’est pas une avancée sécuritaire, c’est une fuite en avant qui trahit les idéaux que l’Alliance prétend porter.
Du Yémen à Gaza, les conflits se multiplient, nourris par un afflux d’armements occidentaux. Les ONG recensent une recrudescence des victimes civiles et une érosion sans précédent du droit international humanitaire. Pendant que les chancelleries brandissent la « dissuasion » comme mantra, les populations paient le prix fort.
En signant ce chèque blank de 5 % du PIB, les capitales atlantiques promettent des milliards aux fabricants d’armes… tout en jurant défendre la Charte de l’ONU. Leur contradiction est flagrante :
Ventes à des régimes répressifs – Paris, Londres et Washington continuent d’équiper la coalition saoudienne impliquée dans les bombardements meurtriers au Yémen. Soutien inconditionnel à Israël – Malgré les milliers de civils tués à Gaza, le Royaume‑Uni maintient ses licences d’exportation et des composants britanniques ont été retrouvés dans les débris de bombardements. Sabordage des traités – La Lituanie, membre de l’OTAN, s’est retirée de la Convention sur les armes à sous‑munitions, premier État à renier ce pacte humanitaire.
Sécurité illusoire : gonfler les arsenaux n’a jamais empêché une guerre ; au contraire, l’excès d’armes alimente l’escalade.
Coût social : investir 5 % du PIB dans la défense, c’est détourner des ressources vitales de l’éducation, de la santé et de la transition climatique, au moment même où les inégalités explosent en Europe et en Amérique du Nord.
Complicité potentielle : en armant des alliés qui bafouent le droit des peuples, les membres de l’OTAN se rendent juridiquement et moralement complices de crimes de guerre – un boomerang juridique dont les citoyens paieront un jour la facture.
Lorsque les États‑Unis vendaient des armes chimiques à Saddam Hussein dans les années 1980, ils ont fini par combattre ce même régime. De même, l’appui occidental aux moudjahidines afghans a nourri un monstre qui s’est retourné contre ses parrains. Aujourd’hui, l’exportation d’armes à Riyad ou Tel‑Aviv risque de rééditer ces tragédies.
Le sommet de La Haye restera comme le triomphe du double langage : discours emphatiques sur « les valeurs », mais valises pleines de contrats d’armement. Tant que l’OTAN n’imposera pas un embargo strict sur les ventes susceptibles de violer le droit international, sa rhétorique humaniste ne sera qu’une feuille de vigne.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Camara.
Mis en ligne : 28/06/2025
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