Trafic sexuel à Kédougou : Un business florissant sous protection - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 28/06/2025 10:06:15

Trafic sexuel à Kédougou : Un business florissant sous protection

Le coup de filet mené par la DNLT à Bantaco, deux jeunes Nigérianes libérées, une « madame » arrêtée, est présenté comme une « avancée significative ». Nous refusons d’applaudir. Cet épisode prouve surtout que la traite prospère, année après année, sous l’œil bienveillant ou indifférent de ceux qui devraient la combattre. Il faut dénoncer la complicité, passive ou active, d’autorités locales et nationales sans laquelle cette prostitution transfrontalière n’aurait jamais pris racine.

Kédougou, zone aurifère bouillonnante et carrefour frontalier, attire mineurs, commerçants… et trafiquants. Le boom minier nourrit la demande de « services » bon marché ; le Nigéria, le Bénin et le Sénégal forment alors un couloir de femmes et de filles réduites à la dette. L’ONU rappelle que l’Afrique subsaharienne concentre désormais 26 % des victimes de traite détectées dans le monde, majoritairement exploitées sexuellement.

Les « meeting-books » saisis par la police consignent plus d’1,7 million FCFA arraché aux victimes. Ce n’est pas du proxénétisme artisanal : c’est une entreprise transnationale soigneusement huilée – transport, faux papiers, recouvrement. Or une telle logistique suppose des postes‑frontières poreux et des contrôles migratoires sélectifs. Le rapport 2024 du Département d’État américain souligne que « la complicité d’agents publics dans les crimes de traite demeure une préoccupation majeure » au Sénégal, entravant toute répression crédible. Tant que policiers, gendarmes ou fonctionnaires des douanes ferment les yeux, ou touchent leur quote‑part, chaque arrestation isolée sera aussitôt remplacée par un nouveau réseau.

Témoignages directs : dès 2017, des Nigérianes exploitées à Kédougou décrivaient coups, extorsions et racket « même de la part de policiers ».

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Constat international : l’opération INTERPOL « Épervier » a révélé l’ampleur des filières qui traversent Mali, Niger et Sénégal, 500 victimes libérées en un week‑end. De tels convois passent rarement sans complicités locales.

Rapports officiels : l’ONUDC dénonce l’exploitation sexuelle autour des sites miniers où l’État peine à imposer la loi ; drôle de « peine » quand il suffit d’un permis pour fermer un bordel clandestin.
Bref, l’argument selon lequel la police « fait de son mieux » est irrecevable : la passivité est structurelle, pas accidentelle.

En Côte d’Ivoire, le Guardian relatait en 2024 le calvaire de filles nigérianes de treize ans. Les passeurs leur apprennent quelles excuses servir aux agents frontaliers « parfois au courant, parfois trop indifférents pour contrôler ». Changez la frontière, la mécanique reste identique : dettes exorbitantes, confiscation de papiers, « madams » protégées par la corruption. Lorsque l’impunité règne, la traite se déplace de mine en mine comme un parasite suit son hôte.

Tant que les agents de l’État impliqués ne seront ni suspendus ni jugés, chaque « victoire » policière restera cosmétique. Il faut exiger une enquête parlementaire indépendante, la publication des sanctions contre fonctionnaires corrompus et la protection systématique des lanceurs d’alerte. La dignité humaine n’est pas négociable ; c’est à nous d’imposer ce principe à ceux qui prétendent nous gouverner.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamour Ndiaye.
Mis en ligne : 28/06/202
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