En déplacement en Chine, le Premier ministre Ousmane Sonko a profité d’une rencontre avec la diaspora sénégalaise pour s’ériger en victime et adresser des attaques virulentes à ses opposants. Entre justifications bancales et propos péremptoires, l’ancien opposant devenu chef de gouvernement s’enfonce dans une rhétorique de plus en plus contradictoire. Le double langage d’un homme politique qui, aujourd’hui au pouvoir, renie les principes qu’il brandissait hier avec vigueur.
Depuis son accession à la primature, Ousmane Sonko semble naviguer à vue entre radicalité passée et responsabilités présentes. Autrefois chantre de la transparence, du respect des institutions et de la rupture avec les pratiques politiques anciennes, il peine aujourd’hui à incarner la cohérence. Sa récente déclaration à Pékin, où il affirme que « Seul Dieu sait pourquoi [il] n’est pas Président », tout en fustigeant ses détracteurs, illustre une dérive inquiétante vers l’autoritarisme discursif et la confusion volontaire des rôles.
En affirmant que seuls les desseins divins expliqueraient pourquoi il n’est pas devenu Président, Ousmane Sonko abandonne toute lecture politique rationnelle des faits. Pourtant, c’est bien la justice sénégalaise, ses démêlés judiciaires et les décisions du Conseil constitutionnel qui ont façonné le déroulement de la dernière présidentielle. Sonko, qui se targuait jadis d’être un légaliste intransigeant, préfère aujourd’hui recourir au mysticisme plutôt qu’à une autocritique.
Pire encore, lorsqu’il déclare que « ce débat stérile serait déjà clos » s’il détenait tous les leviers du pouvoir, Sonko laisse transparaître une tentation autoritaire : faire taire les voix discordantes. Lui qui appelait autrefois à la pluralité des opinions et à la liberté d’expression se montre désormais agacé par les critiques, allant jusqu’à les disqualifier moralement : « Ceux qui devraient garder le silence et se faire discrets… » Autrement dit, seuls ceux qu’il juge légitimes ont droit à la parole.
Contradictions flagrantes : Sonko dénonçait autrefois le culte de la personnalité, les discours victimaires et les accusations divines de destin contrarié. Aujourd’hui, il use de ces mêmes méthodes.
Victimisation commode : Plutôt que d’expliquer clairement les raisons de l’invalidation de sa candidature, il préfère évoquer un mystère d’ordre divin. Une posture qui interroge sur sa volonté d’assumer ses choix politiques.
Silence imposé aux autres : En attaquant ceux qui s’expriment, Sonko reproduit les travers de ceux qu’il combattait. Il trahit ses engagements de 2019 et 2021 sur le débat démocratique ouvert.
Mise en scène en Chine : Pourquoi ce discours n’a-t-il pas été tenu au Sénégal, face à la population locale ? Parce qu’à l’étranger, dans un cadre contrôlé, les questions gênantes ne fusent pas.
D’autres leaders africains ont joué la carte de la victimisation divine pour justifier leur échec ou leur manque d’action. L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, par exemple, utilisait régulièrement des références spirituelles pour se dédouaner. En Guinée, Mamadi Doumbouya invoque la « mission divine » pour prolonger une transition sans fin. Ce sont les mêmes schémas : confusion entre foi personnelle et gouvernance publique.
Le double langage d’Ousmane Sonko ne peut plus être toléré. Plutôt que de jouer à la victime mystique ou au leader incompris, Ousmane Sonko ferait mieux de se concentrer sur sa mission actuelle. Le Sénégal a besoin d’un Premier ministre efficace. Le temps des messies autoproclamés est révolu. Place à la responsabilité, à l’humilité, et surtout, à la vérité des faits.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mamadou Sow.
Mis en ligne : 01/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.