Le gouvernement sénégalais a récemment annoncé, à l’issue d’une réunion interministérielle tenue à la Primature sous la présidence du secrétaire général Boubacar Camara, une série de réformes dans le secteur éducatif. Parmi celles-ci, la suppression du concours d’entrée en 6e à partir de 2026, ainsi que la création de certificats d’études en arabe (CFEE et BFEM), la réforme du système d’évaluation, et un « accompagnement » du secteur privé via un recrutement spécial de 2 000 enseignants. Si ces mesures se veulent progressistes, elles traduisent en réalité une régression grave pour l’avenir du système éducatif sénégalais.
Depuis plusieurs années, le système éducatif est confronté à de multiples défis : surpopulation des classes, manque criant d’infrastructures, insuffisance de personnel qualifié, et une baisse préoccupante du niveau général des élèves.
Plutôt que de s’attaquer à ces problèmes structurels par des investissements sérieux et une réforme globale ambitieuse, le gouvernement choisit la voie de la facilité, en supprimant un outil clé de sélection et de motivation : le concours d’entrée en 6e. Cette épreuve, bien qu’exigeante, reste un garde-fou essentiel pour garantir un minimum de qualité dans la progression des élèves vers le secondaire.
La suppression du concours d’entrée en 6e est un choix politique qui signe la fin d’une exigence fondamentale dans le parcours scolaire des jeunes sénégalais. Ce concours permettait d’assurer une certaine sélection, en donnant la possibilité aux élèves les plus méritants d’accéder au collège. Sans lui, c’est la porte ouverte à un nivellement par le bas. L’absence d’un filtre risque d’engorger les collèges, d’augmenter le taux d’échec, et surtout de démotiver les élèves qui ne seront plus poussés à se dépasser.
Par ailleurs, la création de certificats en arabe, si elle peut s’inscrire dans une volonté d’ouverture culturelle, ne doit pas devenir un prétexte pour fragiliser davantage un système déjà en difficulté. L’« académisation » du BFEM et la réforme du système d’évaluation, si elles ne sont pas accompagnées d’une véritable amélioration des conditions d’enseignement et de ressources, risquent d’aggraver les disparités et la confusion autour des diplômes.
Quant à l’appui au privé éducatif par un recrutement massif d’enseignants, il s’agit d’une mesure insuffisante et désordonnée qui ne répond pas aux vrais besoins du terrain. Sans une vision claire, cohérente et à long terme, ces réformes apparaissent comme des pansements sur une jambe de bois.
Les conséquences à long terme seront catastrophiques. Le niveau général des élèves va baisser, ce qui affectera directement leur compétitivité sur la scène internationale. À l’heure où la mondialisation impose un standard élevé d’excellence académique, le Sénégal court le risque de se retrouver marginalisé, avec une jeunesse moins préparée, moins qualifiée et donc moins apte à saisir les opportunités économiques et sociales qui s’offrent à elle.
Cette décision déconnectée des réalités éducatives rappelle malheureusement des précédents dans d’autres pays africains où la suppression des examens d’entrée ou la baisse des exigences a conduit à une dégradation dramatique des performances scolaires. Là où le mérite disparaît, la médiocrité s’installe durablement.
Il faut que les citoyens, les enseignants, les parents d’élèves et tous les acteurs de la société civile se lèvent pour contester cette décision. Le gouvernement doit revoir sa copie, remettre l’exigence au cœur de l’éducation, investir dans la qualité plutôt que dans des réformes superficielles. L’avenir du Sénégal dépend de la capacité à former une jeunesse compétente, ambitieuse et préparée aux défis du 21e siècle.
La suppression du concours d’entrée en 6e n’est pas une réforme, c’est une régression. Il faut l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. L’éducation mérite mieux que cela.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Aminata Beye.
Mis en ligne : 30/06/2025
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