La récente escalade entre la France et l’Algérie, marquée par le rappel de l’ambassadeur français à Alger et l’expulsion de diplomates algériens de Paris, est un récit d’un échec politique. Il serait naïf de la lire comme une simple crise diplomatique passagère. À travers ces événements, c’est la faillite du leadership des deux pays qui est exposée, un leadership incapable d’anticiper, de gérer, et surtout de calmer des tensions qui couvaient depuis longtemps. Cette crise franco-algérienne est la conséquence directe d’une incompétence politique et d’une irresponsabilité coupable au sommet de l’État français et algérien.
Les relations entre la France et l’Algérie ne sont pas nouvelles à la crise. Elles sont tissées d’un passé colonial douloureux et d’une histoire post-indépendance marquée par des alternances fragiles entre coopération et conflits.
Pourtant, on attendrait de dirigeants modernes, souverains et expérimentés, qu’ils maîtrisent mieux cette complexité et évitent l’embrasement. Or, loin d’apaiser la situation, les gouvernements de Macron et Tebboune ont laissé la tension s’exacerber, jouant la carte du nationalisme et du bras de fer, quand il faudrait au contraire faire preuve de pragmatisme et d’ouverture.
L’arrestation d’un membre du personnel consulaire algérien à Paris, déclencheur officiel de cette crise franco-algérienne, aurait dû appeler à un dialogue immédiat et apaisé. Mais non, ce fut le début d’une spirale d’expulsions et de répliques politiques dont la seule issue est la dégradation irréversible d’une relation stratégique. Ce scénario était prévisible, pourtant les dirigeants ont préféré l’immobilisme et la surenchère.
Ce qui choque dans cette affaire, c’est d’abord l’absence totale d’anticipation. Ce conflit ne surgit pas du néant ; il est le résultat d’une accumulation de non-dits, d’incompréhensions et de non-gestions. Ni Macron, ni Tebboune ne semblent capables de comprendre ni de maîtriser les enjeux géopolitiques, économiques et symboliques d’une relation aussi sensible. Leur approche infantile et belliqueuse démontre un manque de maturité politique, dangereux pour leurs peuples respectifs.
Ensuite, il y a un grave déficit de responsabilité. Alors que la coopération dans des domaines comme l’énergie, la sécurité, et la gestion des flux migratoires devrait être renforcée, les dirigeants ont choisi la fuite en avant, préférant le conflit stérile au dialogue constructif. Cette politique irresponsable condamne à terme les intérêts des deux nations et leurs populations, qui paieront le prix fort de cette guerre froide diplomatique.
Enfin, la rhétorique de rejet systématique de la faute sur l’autre camp révèle une immaturité diplomatique. Au lieu d’assumer leurs erreurs, Macron et Tebboune alimentent un nationalisme politique toxique qui ne fait que jeter de l’huile sur le feu.
Cette crise franco-algérienne n’est pas un cas isolé. On pense notamment à la gestion catastrophique des tensions entre la Russie et l’Ukraine, où le refus obstiné de négocier a abouti à une guerre sanglante. Plus proche, les tensions entre la Turquie et la Grèce illustrent elles aussi comment les postures nationalistes et l’aveuglement des dirigeants peuvent mettre en péril la paix régionale. Dans tous ces exemples, l’incapacité à dépasser les intérêts politiques à court terme entraîne des conséquences lourdes pour la stabilité et la sécurité des peuples.
Ce rappel d’ambassadeurs et ces expulsions réciproques sont les symptômes visibles d’un leadership aveugle et défaillant face à une relation bilatérale qui exige, au contraire, prudence, dialogue et responsabilité. Macron comme Tebboune doivent cesser de jouer à ce jeu dangereux du rapport de force. Ils doivent impérativement abandonner les postures nationalistes et s’engager dans une diplomatie apaisée, pragmatique, capable de préserver les intérêts communs et la paix.
À défaut, cette crise ne sera ni la première ni la dernière. Il est urgent d’exiger une nouvelle génération de dirigeants, capables de maturité politique, de responsabilité et d’une vision stratégique à long terme, pour sortir la France et l’Algérie de cette impasse. Le temps des calculs politiciens et des postures belliqueuses est révolu.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Lassana Badji.
Mis en ligne : 30/06/2025
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