L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) est secouée par un scandale : la falsification de notes au sein de la Faculté des Lettres et sciences humaines (Flsh). Ce fait, révélé récemment, a déclenché une onde de choc parmi les étudiants et la société. Ce qui aurait dû être un temple du savoir est devenu le théâtre d’un réseau de corruption qui remet en cause la crédibilité de notre institution phare.
Au cœur d’une université censée former les élites de demain, certains ont trouvé le moyen de contourner l’exigence fondamentale du mérite. Dès la détection d’incohérences par le chef de département, une enquête a révélé l’ampleur d’un système corrompu impliquant non seulement des étudiants, mais vraisemblablement des complicités internes au sein de l’administration. Cette affaire dépasse la simple tricherie individuelle ; elle révèle une défaillance structurelle.
Ce n’est pas uniquement la faute des étudiants impliqués. Comme plusieurs voix internes le soulignent, la plateforme de gestion des notes est inaccessible aux étudiants, ce qui implique nécessairement une intervention interne pour modifier frauduleusement les résultats. Une administration laxiste, voire complice, est donc mise en cause. Au lieu d’assurer un contrôle rigoureux, elle a laissé s’installer une mafia au sein même de l’université. Cette tolérance a permis à des étudiants absents toute l’année d’obtenir des résultats brillants, tandis que les plus méritants sont pénalisés.
Ce dysfonctionnement n’est pas unique à l’Ucad. Dans plusieurs pays, les universités confrontées à la corruption souffrent d’un manque de contrôle administratif et de systèmes informatiques vulnérables. Par exemple, dans certains établissements en Afrique subsaharienne, la falsification des notes est un fléau souvent lié à l’absence de transparence et à des complicités internes. Le cas de l’Ucad reflète donc un problème systémique, mais aussi une absence flagrante de leadership et de gouvernance sérieuse.
La charge de travail insoutenable imposée aux étudiants, évoquée dans le scandale, ne doit pas non plus servir d’excuse pour ces dérives. Au contraire, elle renforce l’urgence d’une réforme profonde. L’administration, garante de la qualité des enseignements et de la justice académique, doit impérativement se doter de mécanismes de contrôle robustes, transparents et indépendants. Il est inadmissible que la réputation d’une université aussi prestigieuse soit entachée par des pratiques corrompues qui nuisent au mérite et à l’équité.
La responsabilité de l’administration est donc au cœur du problème. Il ne s’agit pas seulement de punir les étudiants fraudeurs, mais surtout de réviser de fond en comble la gestion des notes, la sécurité des systèmes informatiques, et la surveillance administrative. Faute de quoi, l’Ucad risque de perdre définitivement la confiance du public et des étudiants, voire de compromettre la formation des cadres indispensables à notre développement national.
Ce scandale est un signal d’alarme qui ne doit pas être étouffé ni minimisé. Il révèle l’impérieuse nécessité d’une réforme administrative à l’Ucad, centrée sur la transparence, la rigueur et l’intégrité académique. L’administration doit être tenue pour pleinement responsable de ces défaillances. Le temps est venu pour elle de prendre ses responsabilités et d’engager un changement afin de restaurer la confiance et sauver l’honneur de notre université. Sans cela, l’Ucad risque de s’enliser dans la médiocrité et la corruption, au détriment de toute une génération.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Zeyna Camara
Mis en ligne : 04/07/2025
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