Silence complice des clubs : Racisme dans le football - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Sport | Par Maimouna | Publié le 04/07/2025 11:07:30

Silence complice des clubs : Racisme dans le football

Le club turc Gaziantep FK a récemment publié un communiqué officiel pour dénoncer les propos offensants et contraires à l’éthique sportive tenus par İrfancan Eğribayat, gardien de Fenerbahçe, à l’encontre de leur capitaine sénégalais, Pape Alioune « Badou » Ndiaye. Ces déclarations, prononcées à l’issue du match de Süper Lig du 26 avril dernier, ont choqué les observateurs non seulement par leur nature, mais aussi par la réponse tiède des instances sportives turques. Ces propos sont inacceptables et la réaction des autorités compétentes, insuffisante. Le racisme dans le football n’est malheureusement pas un phénomène nouveau, mais cet incident illustre une fois de plus un malaise profond.

Les propos d’İrfancan Eğribayat, qui ont insinué un déni d’humanité envers Ndiaye, dépassent le cadre d’une simple altercation sportive. Ils reflètent un climat toxique où le racisme et la xénophobie persistent, parfois même encouragés par l’indifférence ou la faiblesse des réponses institutionnelles.

Au-delà des paroles du gardien, ce sont les réactions des clubs, des fédérations et des instances dirigeantes qui doivent être questionnées. Gaziantep FK a eu le mérite de réagir rapidement et de condamner fermement les propos de son adversaire, allant jusqu’à engager des poursuites judiciaires. Mais du côté de Fenerbahçe, l’attitude a été beaucoup plus mesurée, et la Fédération turque de football reste silencieuse. Cette absence de sanctions exemplaires envoie un message inquiétant : le racisme dans le football, même explicite, ne serait pas assez grave pour mériter une réprobation publique forte et des mesures disciplinaires à la hauteur.

Ce constat est d’autant plus décevant que des cas similaires continuent de se multiplier, non seulement en Turquie, mais dans toute l’Europe. Des footballeurs sénégalais, comme Papiss Cissé ou Sadio Mané, ont déjà été victimes de cris de singe et d’insultes racistes dans les stades européens. Et pourtant, les réponses des clubs et des fédérations restent souvent limitées à de vagues condamnations, sans réelle volonté de changement.

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Par comparaison, en Italie, le scandale autour des insultes racistes visant Mario Balotelli n’a provoqué que des sanctions symboliques, insuffisantes pour éradiquer le phénomène. En Espagne, Samuel Eto’o a dû subir des insultes à répétition sans que la Liga ne prenne de mesures concrètes et dissuasives. La FIFA, elle-même, est régulièrement critiquée pour son inertie face à des chants xénophobes dans des compétitions internationales. Ce manque de fermeté institutionnelle nourrit une impunité coupable.

Les clubs et les instances sportives doivent prendre leurs responsabilités avec plus de rigueur. Des sanctions disciplinaires exemplaires doivent être prononcées à l’encontre des joueurs et supporters auteurs d’actes racistes. Mais la répression seule ne suffit pas : il faut aussi éduquer les acteurs du football, joueurs, entraîneurs, supporters, sur les valeurs fondamentales de respect, de diversité et d’inclusion. Des campagnes pédagogiques suivies d’actions concrètes dans les clubs sont indispensables pour faire reculer ce fléau.

Le football, miroir de nos sociétés, ne peut se permettre de laisser proliférer la haine et la discrimination. L’affaire Eğribayat-Ndiaye n’est pas un simple différend entre deux joueurs, c’est un symptôme révélateur d’un problème systémique. Le temps des demi-mesures est révolu : il faut désormais des actions claires, fortes et engagées.

Que les clubs, les fédérations et les instances internationales cessent de détourner le regard. Que les sanctions soient exemplaires, publiques et immédiates. Que l’éducation au respect devienne une priorité dans tous les stades. Et surtout, que le football devienne enfin un terrain où chaque joueur est traité avec dignité, indépendamment de ses origines ou de sa couleur de peau.

L’heure est à la responsabilité. L’heure est à l’action. Le racisme n’a pas sa place dans le sport ni dans nos sociétés.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cheikh Diop.
Mis en ligne : 04/07/2025

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