Le sens du « nganalé » oublié : Gaspillage et hypocrisie religieuse - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Maimouna | Publié le 06/07/2025 02:07:00

Le sens du « nganalé » oublié : Gaspillage et hypocrisie religieuse

Au Sénégal, le nganalé, cette cérémonie d’accueil du pèlerin de retour de La Mecque, connaît une évolution inquiétante. À l’origine manifestation de gratitude, d’humilité et d’hospitalité, le nganalé est aujourd’hui perçu par nombre d’observateurs comme une scène d’exhibition sociale aux antipodes des valeurs islamiques. religieuse, cette célébration est devenue, pour beaucoup, un miroir d’une société prise dans les filets du paraître.

Traditionnellement, le nganalé avait pour but de manifester une reconnaissance pieuse à Dieu, et d’honorer, sobrement, celui ou celle ayant accompli l’un des cinq piliers de l’islam. Cependant, dans les faits, la sobriété a cédé la place à une débauche d’apparats : tentes luxueuses, buffets gargantuesques, prestations artistiques, cortèges filmés et diffusés en boucle sur les réseaux sociaux. Le nganalé est devenu un événement mondain, détaché de toute spiritualité.

Ce que l’on observe désormais dans le nganalé, c’est une volonté, consciente ou non, d’afficher une réussite matérielle plutôt que d’exprimer une transformation intérieure. Le sociologue Alioune Diouf y voit une dérive culturelle où « le m’as-tu-vu » l’emporte sur la piété. Cet excès de forme devient ainsi un contre-témoignage, une trahison de la philosophie du Hajj, centrée sur l’humilité, le dépouillement et l’égalité entre croyants.

Dans un pays où une large partie de la population vit avec des moyens limités, il est troublant de constater que le nganalé donne lieu à des dépenses extravagantes, parfois financées à crédit. Comment justifier des cérémonies aussi dispendieuses alors que l’islam condamne fermement le gaspillage et recommande la modération ? Ici encore, le nganalé se révèle être le théâtre d’un profond malaise : la religion est utilisée pour valider des comportements que ses textes fondateurs dénoncent.

Dans plusieurs pays musulmans, le retour du pèlerin s’accompagne d’une prière en famille, d’aumônes discrètes, d’un témoignage spirituel. Pourquoi ne pas s’inspirer de ces modèles ? Le Sénégal peut redonner à le nganalé son essence : un moment de partage, de transmission de valeurs et de prière collective. Rien n’interdit de célébrer, mais encore faut-il savoir pourquoi et comment.

Pour revenir à l’essentiel, il faut réhabiliter le nganalé en le réinscrivant dans sa vocation originelle. Plutôt qu’un festival du paraître, faisons-en un instant de retour à Dieu, de reconnaissance, de communion modeste avec la communauté. Loin de l’ostentation, le nganalé peut redevenir un moment fort de spiritualité, à condition d’en retrouver le sens véritable.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moustapha Thiam.
Mis en ligne : 06/07/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

1 commentaires
amy
sénégal dagniy diawalé deuil ak baptême
Le 2025-07-06 18:49:45

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

1 commentaires
amy
sénégal dagniy diawalé deuil ak baptême
Le 2025-07-06 18:49:45

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top