Pendant des années, Rokhaya, 32 ans, a gardé le silence. Entre les murs de sa maison dans une banlieue de Dakar, elle vivait un calvaire que même ses plus proches ne soupçonnaient. Aujourd’hui, elle décide de parler. Pour elle. Pour celles qui, comme elle, souffrent dans l’ombre d’un mariage toxique.
« J’ai tout donné pour cet homme, confie-t-elle. J’ai quitté mes études pour le suivre, j’ai coupé des liens familiaux, et j’ai tout investi dans notre foyer. Mais au bout du compte, je me suis perdue. »
Son histoire commence comme beaucoup d’autres. Un amour de jeunesse devenu mariage, des promesses de bonheur, de stabilité. Très vite, les premiers signes apparaissent : crises de colère, contrôle excessif, humiliation verbale. Puis vinrent les coups. Et le silence. Un silence qu’elle justifie aujourd’hui par la honte, la peur du jugement social, mais aussi l’espoir, vain, d’un changement.
« Au Sénégal, une femme mariée doit supporter. On nous le répète sans cesse. On nous apprend à nous taire, à prier, à espérer. Mais jusqu’à quand ? »
Rokhaya se souvient de ces nuits où elle se cachait dans la salle de bain, téléphone en main, pour appeler discrètement sa sœur, la voix tremblante. Ou de ces fois où, malgré les bleus, elle allait travailler comme si de rien n’était. Elle gérait tout : les dépenses, les enfants, même les dettes de son mari. Lui, absent, instable, souvent violent.
« Je croyais que si je faisais tout bien, il finirait par m’aimer mieux. Mais l’amour ne devrait pas faire mal. »
La goutte d’eau ? Une énième humiliation publique lors d’une cérémonie familiale. Ce jour-là, elle a décidé de partir. Sans rien dire. Avec juste un sac et ses deux enfants.
Depuis, Rokhaya tente de se reconstruire. Elle a trouvé un emploi dans une petite structure de formation. Elle suit une thérapie, lit beaucoup, médite. Elle dit qu’elle apprend, lentement, à se regarder avec bienveillance.
« Je ne suis pas une victime. Je suis une survivante. »
Elle sait que le regard des gens est encore dur. Certains lui reprochent d’avoir « cassé son foyer », d’autres l’accusent de salir « l’image du mari ». Mais elle ne se laisse plus intimider. Pour la première fois, elle vit pour elle.
Son message, aujourd’hui, est clair :
« À toutes les femmes qui se sentent enfermées : vous avez le droit de partir. Ce n’est pas de l’égoïsme. C’est de la survie. »
Dans une société où l’apparence de stabilité conjugale est souvent valorisée au détriment du bien-être personnel, des voix comme celle de Rokhaya sont rares mais nécessaires. Elles rappellent une vérité simple : le mariage ne doit jamais être une prison.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 08/07/2025
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