Le 4 juillet 2025, le président rwandais Paul Kagame s’est exprimé sur l’accord de paix signé le 27 juin à Washington entre la RDC et le Rwanda, sous l’égide des États-Unis. Il a également évoqué les négociations parallèles menées au Qatar. Derrière ce langage diplomatique policé, il apparaît de plus en plus clairement que ces accords ne visent pas une paix durable, mais servent plutôt à légitimer une politique d’ingérence rwandaise bien rodée.
Depuis plus de deux décennies, l’est de la République démocratique du Congo est le théâtre d’un conflit armé chronique, alimenté par une multitude de groupes armés, des intérêts économiques transnationaux et l’ingérence répétée de certains États voisins. Le Rwanda, accusé à plusieurs reprises par l’ONU et d’autres observateurs internationaux de soutenir le M23, un groupe armé responsable d’exactions graves, continue de justifier ses actions par la menace persistante des FDLR, une milice rwandaise hostile réfugiée en RDC.
À première vue, les accords signés à Washington et les pourparlers à Doha peuvent apparaître comme des avancées diplomatiques majeures. Mais en y regardant de plus près, ces démarches s’inscrivent dans une logique où le Rwanda cherche surtout à soigner son image à l’international tout en poursuivant ses objectifs stratégiques en RDC. Kagame se dit reconnaissant envers les États-Unis, tout en soulignant que les engagements passés n’ont pas été respectés, une manière subtile de délégitimer par avance tout échec futur.
L’argument récurrent autour de la menace des FDLR est régulièrement utilisé pour justifier la présence militaire rwandaise sur le sol congolais. Pourtant, cette rhétorique peine à convaincre au vu des rapports accablants des Nations Unies qui accusent Kigali de soutenir activement le M23, groupe notoirement impliqué dans la déstabilisation de la région et l’exploitation illégale des ressources minières.
La menace des FDLR est exagérée : Plusieurs experts soulignent que les FDLR sont aujourd’hui affaiblies, peu structurées et peu actives militairement. Leur instrumentalisation par Kigali sert principalement à justifier des incursions.
Un soutien avéré au M23 : Les rapports du Groupe d’experts de l’ONU font état de livraisons d’armes, de soutien logistique et même de commandement rwandais auprès du M23.
Une stratégie économique déguisée : Les zones contrôlées par le M23 sont riches en minerais rares. Le soutien du Rwanda à ce groupe lui permettrait un accès direct à ces ressources stratégiques.
Des précédents historiques : Le Rwanda a déjà signé plusieurs accords de paix similaires, sans jamais en respecter les termes, comme ceux de Lusaka (1999), Pretoria (2002) ou Nairobi (2009).
La situation actuelle rappelle certaines interventions d’États voisins dans des zones en crise, utilisant des prétextes sécuritaires pour masquer des ambitions politiques et économiques. Ces dynamiques aboutissent souvent à une aggravation des conflits plutôt qu’à leur résolution.
Les accords de paix en cours, bien que nécessaires en apparence, ne doivent pas être pris pour argent comptant. Ils semblent davantage servir les intérêts stratégiques du Rwanda que la stabilité durable de l’est congolais. Les déclarations de Paul Kagame, teintées de duplicité, montrent que ces accords ne sont pas une solution, mais un écran de fumée. Le véritable chemin vers la paix passe par une reconnaissance des responsabilités, un retrait effectif du soutien au M23, et une volonté sincère de laisser la souveraineté congolaise s’exercer pleinement.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Lamine Sagna.
Mis en ligne : 07/07/2025
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