Chaque année, à l’approche des vacances d’été, le littoral de Mbour devient un pôle d’attraction pour des milliers de vacanciers sénégalais et étrangers, séduits par ses plages paradisiaques comme celles de Saly, Ngaparou et Warang. Un phénomène tragique accompagne pourtant cette effervescence estivale : la recrudescence des noyades à Mbour.
Si ce constat invite à la vigilance, il met en exergue un problème plus profond que nous ne pouvons plus ignorer : les effets dangereux du tourisme de masse sur la sécurité publique, et plus spécifiquement sur celle des plages.
Mbour, longtemps perçue comme une destination idéale pour fuir la chaleur de la capitale, paie aujourd’hui le prix d’un développement touristique mal encadré. L’afflux massif de vacanciers crée une surcharge difficilement gérable pour les structures locales. Le nombre limité de maîtres-nageurs, l’insuffisance de matériel de secours, l’absence de panneaux d’avertissement dans les zones à risque et le manque de campagnes de sensibilisation régulières sont autant de lacunes que les autorités semblent ignorer année après année.
Les politiques touristiques en vigueur continuent de privilégier le remplissage des hôtels et l’affluence sur les plages sans mettre en place des moyens de prévention à la hauteur des enjeux. On assiste ainsi à une marchandisation des côtes qui oublie l’essentiel : la vie humaine. Le tourisme balnéaire est devenu une manne économique pour les municipalités, mais dans cette ruée vers les devises, la sécurité des usagers est reléguée au second plan. Le drame n’est pas tant dans les noyades elles-mêmes, bien qu’elles soient inacceptables, que dans leur prévisibilité et leur répétition.
Comme le souligne un sapeur-pompier à la retraite, les interventions sont trop souvent curatives. Ce constat est révélateur d’une politique qui attend que l’irréparable se produise avant d’agir. Dans les pays comme le Portugal ou l’Australie, le tourisme balnéaire s’accompagne de programmes intensifs de sensibilisation, d’infrastructures de surveillance modernes, de formations aux premiers secours ouvertes au grand public. Pourquoi pas à Mbour ? Parce que les autorités locales et nationales ne prennent pas encore au sérieux la corrélation entre afflux touristique et surmortalité saisonnière.
La banalisation des noyades estivales à Mbour est alarmante. Chaque victime est un rappel douloureux de notre laxisme collectif. Les enfants et les jeunes adultes, souvent les plus vulnérables, sont les premières victimes d’un système qui accepte de sacrifier la sécurité sur l’autel du profit. Le silence des autorités face à cette réalité traduit un mépris à peine voilé pour les populations locales et les vacanciers modestes, ceux qui fréquentent justement les plages non surveillées.
Il faut exiger une refonte des politiques touristiques à Mbour et sur l’ensemble du littoral sénégalais. La sécurité ne doit pas être un luxe réservé à certains établissements balnéaires privés. Les municipalités doivent recruter du personnel qualifié, mettre en place des dispositifs de surveillance efficaces, baliser les zones dangereuses et instaurer des campagnes de prévention continues. Sans cela, les plages de Mbour ne seront plus des lieux de détente, mais des zones à haut risque.
Le développement touristique ne peut être soutenable que s’il est accompagné d’un engagement fort pour la sécurité des usagers. À Mbour, la saison estivale ne devrait plus jamais rimer avec drames évitables.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Sophie Diop.
Mis en ligne : 09/07/2025
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