Le mal invisible des étudiants : Santé mentale à l’université - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Education | Par Emmanuel | Publié le 10/07/2025 01:07:00

Le mal invisible des étudiants : Santé mentale à l’université

Le décès de Matar Diagne, étudiant en master à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, a bouleversé la communauté universitaire sénégalaise. L’autopsie a confirmé une strangulation mécanique, pointant vers un suicide. Si ce rapport met fin aux spéculations, il n’éteint pas l’onde de choc ni le questionnement profond qu’il suscite. Ce drame ne peut être relégué au rang de fait divers : il est le symptôme d’un mal plus profond, d’un système universitaire qui peine à reconnaître la détresse psychologique de ses étudiants. La gestion du bien-être mental dans les universités sénégalaises est déficiente.

Dans un pays où la santé mentale reste largement stigmatisée, la disparition de Matar Diagne met en lumière une culture du silence, tant dans la société que dans les institutions académiques. Cette tragédie révèle un vide criant : celui de l’écoute, de l’empathie et de l’accompagnement psychologique au sein de l’enseignement supérieur.

Alors que les défis de la vie universitaire sont bien connus, pression académique, incertitudes professionnelles, précarité financière, isolement social, très peu est fait pour soutenir les étudiants en détresse.

L’UGB, comme d’autres universités sénégalaises, ne dispose pas de structures psychologiques solides et accessibles. Les cellules d’écoute, lorsqu’elles existent, sont souvent mal équipées, peu visibles ou inexistantes. Il est navrant de constater que dans un environnement où les jeunes sont confrontés à des choix cruciaux et à des pressions considérables, il n’existe que très peu d’espaces sûrs pour verbaliser la souffrance. Ce mutisme institutionnel est une forme de négligence.

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À l’échelle internationale, certaines universités, notamment en Europe ou en Amérique du Nord, ont pris des mesures concrètes pour intégrer la santé mentale dans leur politique universitaire : services de psychologues gratuits, ateliers de gestion du stress, campagnes anti-stigmatisation, lignes d’assistance anonymes. Ces initiatives ne sont pas un luxe, elles sont une nécessité. À l’inverse, au Sénégal, la norme reste celle de l’invisibilisation des souffrances psychiques, souvent qualifiées de faiblesse ou de caprice.

Ce silence collectif alimente la honte et empêche de nombreux étudiants de chercher de l’aide. Tant que parler de ses problèmes sera vu comme un aveu d’échec ou un tabou, des tragédies comme celle de Matar continueront de se produire dans l’ombre. Il faut déconstruire cette culture de l’indifférence et de faire de la santé mentale une priorité dans les politiques universitaires.

Il ne suffit pas d’organiser des marches silencieuses ou de publier des messages de condoléances après coup. Il faut des actions concrètes : recruter des psychologues qualifiés, intégrer la santé mentale dans les cursus, former les enseignants à détecter les signes de détresse, créer des espaces de parole.

Ce n’est qu’en brisant le silence que l’on sauvera des vies. L’université, lieu d’apprentissage et de construction personnelle, ne peut continuer à ignorer les cris silencieux de ses étudiants. Il faut agir. Pour Matar Diagne. Pour ceux qui souffrent encore dans l’ombre.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Fanta Sakho.
Mis en ligne : 10/07/2025

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Mariam
étudiants yeupeu doff légui
Le 2025-07-10 17:15:19
Seck
c'est déplorable
Le 2025-07-10 17:08:09

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